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Sellal quitte le gouvernement avec un bilan très mitigé

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Hormis les résultats quantitatifs rendus possibles par des recettes d’hydrocarbures exceptionnelles, le bilan du désormais ex premier ministre, Abdelmalek Sellal ne brille par aucune action originale, à même d’ouvrir à l’Algérie une nouvelle manière de prendre son destin économique en mains, autrement que par l’argent du pétrole et une fiscalité autoritaire.
 
Il a, tout au long de ses trois années de gouvernance, continué comme au temps de l’Algérie socialiste, à réaliser des logements, des infrastructures et des transferts sociaux uniquement au moyen du budget de l’Etat, les financements par le marché (capitaux privés, emprunts obligataires, banques et fonds d’investissement) ayant été réduits à la portion congrue.
 
Tout comme en cette période pourtant révolue, les années Sellal  ressemblent à s’y méprendre à cette époque du « Tout Etat », à l’exception des reverses de change, qui contrairement aux années 80,  ont accordé au gouvernement Sellal une confortable marge de manœuvre d’environ 100 milliards de dollars.
 
Même si on exprime publiquement la volonté de réduire le train de vie trop dépensier de l’Etat en réduisant notamment les importation et opérant des coupes dans les dépenses publiques on continue, en réalité, à dilapider sans aucune retenue l’argent du pétrole pour entretenir une pléthore de fonctionnaires, renflouer des entreprises publiques moribondes, équiper les corps constitués et assurer de ruineux transferts sociaux.
 
C’est ainsi que 120 milliards de dollars environ ont été injectés tout au long de la gouvernance du premier ministre sortant dans divers rouages de l’économie, sans jamais pouvoir satisfaire les demandes sociales prioritaires (emplois, logements, éducation, formation, eau potable, transport, nouvelles technologies de la communication etc.) et, encore moins, à améliorer la qualité de certaines  prestations hautement déterminantes pour l’avenir du pays (le système bancaire demeure archaïque, peu de progrès dans le domaine des TIC, écoles et universités sinistrées etc.).
 
Là où, sous d’autres cieux, des dépenses publiques aussi faramineuses auraient générées de très forts taux de croissance, en Algérie l’évolution du PIB a rarement dépassé les 4% durant toutes les années Sellal. Les dépenses de l’Etat semblent plutôt arranger les économies étrangères si on se réfère aux dépenses d’importations qui ont certes légèrement diminuées, mais pas au point d’enclencher une réelle dynamique du compter sur soi.
 
Laminées par cette suicidaire politique du « tout importation » qui persiste aujourd’hui encore, l’industrie et l’agriculture ont bien du mal à se redresser.  Rassuré par l’aisance financière qui s’est installée dans la durée, le gouvernement Sellal a mis plusieurs mois pour enfin se rendre à l’évidence de cette crise financière qui s’était déjà installée dans la durée. Ce ne sont pourtant pas les avertissements des économistes et de certains partis d’opposition relayés par la presse qui ont manqué.
 
Minimisant son ampleur et son impact, l’ex premier ministre n’a pas jugé utile de conduire le développement économique du pays autrement qu’au moyen du budget de l’Etat. Ce n’est qu’aux tous derniers mois de son mandat qu’il s’est rendu à cette insoutenable évidence et commencé à penser à s’en sortir, notamment, aux moyens d’un nouveau modèle de croissance économique qui libère un peu plus  l’initiative privée et d’une transition énergétique qui ferait la part belle aux énergies renouvelables.
 
Ces initiatives qui auraient gagnées à être expliquées aux algériens afin de susciter leur adhésion ont malheureusement été entourées d’opacité. Elles sont de ce fait très peu connues de la population qui, par contre, n’a pas omis d’observer leur ex premier ministre parcourir de nombreuses régions du pays pour distribuer des enveloppes financières destinées au développement local. Son action sera très vite contredite par les entrepreneurs en bâtiment qui n’arriveront même pas à se faire payer les créances qu’ils détiennent sur les collectivités locales qui, auraient bénéficié de l’argent de l’ex premier ministre.
 
Le plus grave est que dans bon nombre de ces localités existent des opérateurs privés en mesure d’investir et d’impulser une dynamique de développement régional, à condition bien entendue, que les administrations publiques aux ordres ne les en empêchent pas. Le cas des entraves dressées par l’entreprise portuaire de Béjaia au groupe privé Cévital, en est un parfait exemple.
 
Il était pourtant attendu de l’ex premier ministre qu’il applique rigoureusement   le programme du président Bouteflika, qu’il a du reste soutenu en tant que premier responsable de sa campagne. Un programme qui suggérait un certain nombre d’actions visant à désengager l’Etat de l’accessoire pour mieux s’occuper de sa mission de régulation et à mettre en place un climat des affaires à même de satisfaire les investisseurs les plus exigeants.
 
Ce n’est malheureusement pas ce qui sera appliqué sur le terrain où l’on continuera à voir un gouvernement encore plus omnipotent qui tient encore à promouvoir le développement économique au seul moyen de la dépense publique qui sera, comme on le sait, en grande partie captée par les exportateurs étrangers et les firmes internationales qui s’accapareront des projets les plus juteux.
 
Aucun ajustement structurel notable n’ayant été effectué dans le sens d’une prise en charge mutuelle (public-privé), l’Algérie est aujourd’hui encore, structurellement parlant, dans même situation que celle des années 80. L’action économique est, de ce fait, très difficile à entreprendre tant le pays manque, à bien des égards, de visibilité et de perspectives, la politique économique du pays dépendant bien souvent d’une pléthore de centres de décisions dont l’ex premier ministre a dû tenir compte pour tenir aussi longtemps à son poste.
 
Il est vrai que depuis que le gouvernement a perçu le danger que le déclin des recettes d’hydrocarbures peut réellement causer au système politique algérien, on assiste à un nouveau discours sur la manière d’entreprendre le développement du pays en favorisant, autant que possible, l’industrie locale et l’entrepreneur privé algérien.
 
L’ex premier ministre l’avait souvent évoquée ces derniers à l’occasion de ses déplacement en Algérie comme à l’étranger.  Mais, l’espoir de voir cette nouvelle vision s’appliquer est quasi quotidiennement battue en brèche, par les comportements anachroniques d’une administration anachronique et prédatrice qui cible, un peu trop souvent, le privé. Elle empêche les entrepreneurs privés d’investir, d’exporter et tous les moyens sont bons pour contrer leur expansion. 
 
Abdelmalek Sellal n’ayant pas su rassurer les promoteurs autochtones et étrangers, ces derniers ont à l’évidence, très peu  investi en Algérie de crainte qu’un retournement de conjoncture (une loi de finance défavorable par exemple) puisse les ruiner. Tous les entrepreneurs que nous avons interrogés sont unanimes à dire que l’ex premier ministre n’a pas réussi à améliorer le climat des affaires, resté à bien des égards, peu sécurisant, pour ne pas dire, dissuasif.
 
Ceux qui attendaient de l’ex premier ministre des changements systémiques, ont également été déçu par la reconfiguration du secteur public économique qui a consisté, contrairement à la tendance universelle, à ôter l’autonomie de gestion aux entreprises publiques économiques qui ont, comme on le sait, toutes été replacées sous le giron des administrations centrales, comme au temps de l’Algérie socialiste. On est même revenu aux ruineux et inutiles assainissements financiers qu’on croyait à jamais révolus.
 
Les entreprises publiques économiques ont durant les  années de gouvernance de Abdelmalek Sellal, englouti plusieurs dizaines milliards de dinars pour d’illusoires remises à flot. Le cas de la SNVI qui se débat aujourd’hui encore dans d’inextricables problèmes de gestion en dépit des moyens financiers colossaux dont il avait bénéficié en 2016, est sans doute le plus spectaculaire. Il est évident qu’avec autant de capitaux.
 
Au regard de ce bilan plutôt mitigé de l’ex premier ministre, le travail qui attend son successeur, Abdelmadjid Tebboun, promet donc d’être bien laborieux et, circonstance aggravante, avec beaucoup moins de moyens financiers. Il est surtout attendu de lui qu’il bouleverse positivement le climat des affaires pour sécuriser les investisseurs privés nationaux et étrangers, seuls à même de palier les restrictions budgétaires que le déclin des recettes d’hydrocarbures ne manquera pas d’imposer. A défaut, les investisseurs ne se bousculeront pas au portillon. Un net recul de la croissance, suivi d’une hausse du chômage, seraient alors sérieusement à craindre.
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