L’Opep et ses partenaires pourraient renouveler leurs limitations de production de pétrole au moins jusqu’à la fin 2017 lors de réunions jeudi à Vienne, afin d’écouler des réserves mondiales gonflées par le schiste américain.
Bousculé par l’industrie américaine des pétroles non conventionnels, le cartel a déjà tenté au premier semestre de retrouver son rôle d’arbitre du marché en s’alliant à d’autres producteurs, dont la Russie, pour limiter leur production, et donc l’offre mondiale.
L’Opep s’était ainsi engagée fin 2016 à abaisser sa production de 1,2 million de barils par jour par rapport à sa production d’octobre dernier. En incluant ses partenaires, la baisse visée était de 1,8 million de barils par jour.
L’Arabie Saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs mondiaux, se sont d’ores et déjà dits « prêts à tout » pour rééquilibrer le marché et ont suggéré de renouveler l’accord pour neuf mois, jusqu’à la fin du premier trimestre 2018 – une proposition soutenue par l’Irak.
Les investisseurs ont en conséquence peu de doutes sur l’issue du sommet, ont expliqué plusieurs experts à l’AFP. « Il est plus facile d’imaginer de bonnes surprises, par exemple que la Libye et le Nigeria (qui avaient été dispensés d’une baisse de leur production en raison de leurs maux politiques qui perturbaient déjà leurs extractions, ndlr) accepteraient de limiter leur production », a ajouté Thomas Pugh, analyste chez Capital Economics.
Dimanche, le ministre saoudien du Pétrole a laissé entendre que les partenaires pourraient être rejoints par « deux ou trois producteurs », et s’est dit confiant pour une prolongation.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) doit en effet multiplier les efforts pour séduire des marchés peu convaincus par la performance des premiers mois de l’année, les réserves mondiales ayant augmenté alors que l’Opep vise à les rabaisser à leur niveau moyen des cinq dernières années.
La responsable de cet afflux d’offre est à nouveau l’industrie américaine du pétrole de schiste. Après des années de vaches maigres qui ont poussé ces entreprises à réduire leurs coûts, elles sont nombreuses à clamer pouvoir désormais dégager un bénéfice à moins de 50 dollars le baril. « Le pétrole de schiste a un cycle de production plus court et plus souple, ce qui a un impact plus important sur les prix », a expliqué Valentin Bissat.
Après avoir reculé en 2016, la production américaine, tous types de pétrole confondus, atteint désormais plus de 9,3 millions de barils par jour. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, elle pourrait s’élever en 2018 à quelque 9,7 millions de barils par jour, ce qui constituerait un record. Mais, « l’effort de l’Opep devrait être plus efficace au deuxième semestre, car il y a une hausse de la demande saisonnière de l’ordre de 2% », a cependant estimé Thomas Pugh.
En revanche, les analystes semblent exclure une hausse trop forte des prix, puisque à moyen terme, la production de l’Opep et de ses partenaires repartira à la hausse alors que les Etats-Unis tournent à plein régime. L’Opep a toujours un impact sur les marchés, notamment sur les inventaires à long terme, par contre sur les prix, l’effet est à très court terme et vite balancé par la production aux Etats-Unis », a noté Valentin Bissat.
Mais le défi d’un pétrole plus cher à court terme intéresse notamment la pièce maîtresse du cartel, l’Arabie Saoudite. « Les Saoudiens préparent la mise en Bourse de la compagnie pétrolière nationale Saudi Aramco, donc il y a quelques raisons pour lesquelles ils ont besoin d’un baril qui soit à un niveau minimum », a expliqué Stéphane Soussan, gérant chez CPR-AM et spécialiste du pétrole.
« L’appétit pour une action Saudi Aramco dépendra en partie de la santé des titres des autres groupes pétroliers mondiaux. Pour ces derniers, un baril à 45 ou à 55 dollars fait toute la différence », a détaillé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Mardi vers 08H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 53,41 dollars, en baisse de 46 cents par rapport à la clôture de lundi, tandis que le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de juillet cotait 50,71 dollars (-42 cents).
AFP