Le moral des entrepreneurs en Allemagne a bondi à un record historique en mai, un bon signe pour la croissance à venir de la première économie européenne, qui a déjà démarré l’année en force, selon des chiffres publiés mardi.
Le baromètre des industriels Ifo, très regardé en Allemagne et dans l’ensemble de la zone euro, a grimpé à 114,6 points en mai, « le niveau le plus élevé mesuré depuis 1991 », a annoncé l’institut éponyme basé à Munich (sud). La performance est largement supérieure aux attentes des analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui misaient en moyenne sur une hausse à 113,1 points.
En avril, il avait atteint 113,0 points, a ajouté l’institut, qui réalise cette enquête mensuelle auprès de quelque 7.000 entreprises.
En mai, la composante du baromètre mesurant les activités courantes a bondi de 1,8 point, à 123,2 points. Celle mesurant les attentes pour les mois à venir s’est de nouveau améliorée, de 1,3 point, à 106,5 points.
« Les chefs d’entreprises allemands sont d’humeur à sabrer le champagne », estime le président de l’Ifo, Clemens Fuest, cité dans un communiqué. « La conjoncture allemande avance à une forte cadence », a-t-il ajouté, pointant aussi la progression de 0,6% du Produit intérieur brut (PIB) allemand au premier trimestre confirmée mardi par l’Office des statistiques.
Dans un communiqué également publié mardi, Destatis a souligné que la croissance était venue à la fois d’Allemagne et de l’étranger au début de l’année, et de tous les secteurs: la consommation, alimentée depuis des mois par un marché du travail solide et des hausses modestes de salaires; le commerce extérieur, avec des exportations – point fort de l’industrie allemande – soutenues aussi par un euro faible et, surtout, les investissements, qui ont enfin nettement décollé. En résumé: les « chiffres forts » publiés mardi « montrent que les perspectives pour l’économie allemande sont au beau fixe, comme la météo de cette semaine » dans le pays, commente l’économiste d’ING-Diba Carsten Brzeski. »Nous avons de plus en plus de preuves que l’investissement va être relancé cette année, grâce à des carnets de commandes pleins et des stocks faibles », ajoute-t-il.
Selon l’étude d’Ifo, l’industrie manufacturière est d’ailleurs le secteur qui s’est montré le plus confiant en mai. Les entrepreneurs du bâtiment ont également fait part de leur optimisme, leur indicateur se hissant à son niveau historiquement élevé de 1991, dans le boom qui a suivi la réunification allemande.
Pour Uwe Belckert, analyste en chef de LBBW, la montée du baromètre de mai traduit sans doute aussi un soulagement après l’élection du libéral pro-européen Emmanuel Macron comme président français face à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, « qui a nettement éloigné les risques politiques » dans la région.
Au final, il n’est pas impossible « que notre prévision déjà supérieure au consensus de 2,5% soit revue à la hausse », estime Jessica Hinds, de Capital Economics. Le gouvernement, très prudent, mise toujours sur une hausse de 1,5% tandis que la plupart des économistes estiment que le pays égalera au moins la performance de l’an passé (1,8%).
Tous les signaux semblent pointés vers une reprise non seulement en Allemagne mais aussi en zone euro, estiment les économistes. Cela ne manquera pas d’influer sur le message de la BCE, qui va doucement préparer le terrain à un durcissement de sa politique. « Nous attendons que la banque centrale laisse tomber sa référence à de futures baisses de taux lors de sa réunion » du 8 juin, indique Edoardo Campanella, d’Unicredit.
Afp