L’Afrique est faiblement électrifiée. Près de 621 millions de personnes, soit deux Africains sur trois, ne bénéficient pas d’électricité. L’Afrique subsaharienne affiche un taux d’électrification de 43 % alors que l’Afrique du Nord est à un taux de 99 %. Ce manque d’électrification cause au continent une perte annuelle de 2 à 4 % de PIB et stoppe les investissements et la création d’emplois. Or, l’Afrique est « riche en ressources énergétiques » comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE).
L’électrification constitue un moyen d’accélération de l’industrialisation du continent en facilitant l’innovation, la créativité, la mise en place d’un entreprenariat social et en libérant les potentialités de développement. Elle peut permettre au continent africain de procéder à sa révolution industrielle via la progression des énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, énergie des vagues et marées, éolien, solaire, etc.). S’offre dès lors pour les États africains une perspective d’industrialisation rapide en intégrant le changement climatique et la durabilité dans le processus d’industrialisation.
Les États d’Afrique du Nord sont en tête au regard de leur politique de diversification et de « mix énergétique ». Par exemple, au Maroc, le projet Noor – une centrale photovoltaïque –, permet au pays de diversifier tout en continuant d’utiliser les énergies fossiles (pétrole à environ 62 %, charbon 20 % et gaz 5 %). Le pays a également mis en place une douzaine d’installations hydroélectriques – transformation de l’énergie du courant d’eau en énergie électrique – ayant généré 2,523 térawatts-heure en 2015, ainsi qu’une quinzaine de parcs éoliens dont la puissance cumulée en 2016 était de 787 mégawatts.
L’Angola occupe une bonne place également au regard de sa politique d’investissement dans des secteurs stratégiques non pétroliers, tels que l’électricité (les centrales hydroélectriques produisent les 2/3 de l’électricité du pays). L’hydroélectrique permet au Mozambique de devenir une véritable « puissance régionale en matière de production d’électricité ». On retrouve le modèle hydroélectrique combiné avec des énergies renouvelables en RDC (projet Grand Inga), au Soudan (l’hydroélectrique constitue 68 % de la production d’énergie), et au niveau des parcs éoliens en Éthiopie. Le parc éco-industriel de Hawassa, en Éthiopie, inauguré en juillet 2016, recycle l’eau, emploie une diode électroluminescente avec des méthodes d’éclairage ingénieux. Il s’agit de l’un des seuls parcs industriels au monde qui a adopté le modèle de « zéro rejet de liquide », avec des énergies renouvelables à 100 %.
Des États comme le Sénégal, le Gabon, le Burkina-Faso ou encore la Côte d’Ivoire, qui intègrent la question de l’électrification dans leur politique nationale d’émergence occupent également une place de choix dans le palmarès. Mais, l’on note un gap considérable entre le taux d’électrification en zone urbaine et en zone rurale.
Enfin, des pays en proie à des conflits internes comme le Soudan du Sud ou encore la Centrafrique voient leur électrification contrariée par la dispersion des ressources et la question du retour à la paix.
* Adam Abdou Hassan, enseignant chercheur à l’université de Rouen, est membre de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la paix en Afrique (Thinking Africa). Ce texte a d’abord été publié dans son intégralité par The Conversation.