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Chine: la croissance dopée par la vieille recette de l’investissement

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La croissance économique de la Chine a accéléré à 6,9% au premier trimestre, portée par un boom des investissements dans l’immobilier et les infrastructures: de « vieilles recettes » apportant un répit précaire au géant asiatique, hanté par l’envolée persistante de sa dette.

Le produit intérieur brut de la deuxième économie mondiale, dévoilé lundi par le Bureau national des statistiques (BNS), fait mieux que ce qu’attendait le panel de seize experts sondés par l’AFP, qui tablaient en moyenne sur une stabilisation à 6,8%. La croissance chinoise avait glissé à 6,7% en 2016, sa plus faible performance depuis 26 ans.

Le BNS s’est félicité du « maintien d’une dynamique de développement robuste » et de « transformations positives » nourrissant une embellie bien plus radieuse que prévu.

Ainsi, la production industrielle chinoise a gonflé de 7,6% sur un an en mars, une accélération très marquée après une hausse de 6,3% pour janvier-février et de 6% en 2016, alors que les analystes anticipaient une simple stabilisation.

C’est « le retour de la vieille recette des investissements », observe Raymond Yeung, analyste de la banque ANZ. « La Chine a renoué avec un modèle de croissance alimenté par les investissements » dont une grosse partie dans l’immobilier, estime-t-il.

La poursuite de la bulle immobilière et l’accroissement assumé des dépenses d’infrastructures par l’Etat ont favorisé le développement tous azimuts des investissements en capital fixe, qui ont gonflé de 9,2% sur un an au premier trimestre, contre seulement +8,1% sur l’ensemble de 2016.

En particulier, le secteur du bâtiment, pilier de l’économie, est aidé depuis l’an dernier par un crédit toujours bon marché, attirant épargnants et spéculateurs qui ont fait s’envoler les prix de la pierre et dopé l’activité manufacturière.

Les investissements dans l’immobilier ont ainsi grimpé de 9,1% au premier trimestre, contre +6,9% sur l’année 2016. Et ce en dépit d’un durcissement des restrictions dans les plus grandes métropoles, soucieuses d’enrayer la spéculation; le marché s’accélère au contraire dans les villes moyennes, quitte à y gonfler des stocks de logements invendus.

Les investissements dans les infrastructures, eux, se sont envolés de 23,5% sur un an en janvier-mars.

« Le gouvernement tend à se reposer sur le développement des infrastructures pour soutenir la croissance à plus long terme » et « créer de la demande intérieure », souligne M. Yeung. En témoigne selon lui le monumental projet d’une « nouvelle zone économique » grande comme trois fois New York, envisagée aux portes de Pékin.

Enfin, à l’heure où Pékin entend persévérer dans la douloureuse transition de son modèle économique au profit de la consommation intérieure, celle-ci n’est pas en reste: les ventes de détail, baromètre de la consommation des ménages, ont progressé en mars de 10,9%, accélérant bien davantage qu’attendu après une hausse de 9,5% en janvier-février.

Seule ombre au tableau: le sursaut de l’économie est alimenté par un rebond de la dette chinoise, qui dépasse déjà 260% du PIB: si les prêts bancaires ont nettement reculé en mars, les crédits associés à la « finance de l’ombre » non régulée (ensemble de mécanismes de prêts entre entreprises et particuliers) se sont envolés à un niveau record.

« Une partie de cette croissance robuste se poursuivra probablement au deuxième trimestre. Mais au vu de l’accélération du crédit, il faut s’attendre à voir bientôt l’économie s’essouffler à nouveau », juge Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics.

D’un autre côté, tempère Larry Hu, analyste de Macquarie cité par Bloomberg, ces statistiques encourageantes « pourraient donner aux autorités la confiance » et une latitude accrues « pour durcir » leur politique monétaire et s’attaquer au désendettement. La banque centrale a déjà commencé à remonter ses taux courts sur le marché monétaire, une manière de renchérir le coût du crédit.

AFP

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