La tentation protectionniste et l’incertitude en Europe liée aux élections françaises constituent des « risques » pour la croissance mondiale, a estimé mercredi la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.
« Il y a des risques de dégradation très nets: l’incertitude politique, notamment en Europe, l’épée (de Damoclès) du protectionnisme qui pèse sur le commerce mondial », a énuméré la dirigeante dans un discours à Bruxelles, en prélude à l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale la semaine prochaine à Washington.
La directrice générale du FMI a notamment pointé la forte incertitude entourant la présidentielle française, qui se tient dans moins de deux semaines, et les élections générales allemandes prévues à l’automne.
« Tout le monde se demande: qui sera le prochain président français ? Quelle sera la prochaine coalition en Allemagne ? », a détaillé l’ancienne ministre de l’Economie française dans un entretien à Bloomberg TV, faisant part de son « inquiétude » sur l’issue de ces deux scrutins.
« Les derniers mois nous ont montré que des scénarios imprévisibles pouvaient arriver », a-t-elle déclaré, en référence au Brexit et à la victoire surprise de Donald Trump aux Etats-Unis.
L’économie mondiale est certes plus résistante aux chocs et « gagne en vigueur » mais des mesures protectionnistes, notamment en provenance des Etats-Unis, pourraient compromettre cette embellie, a-t-elle par ailleurs prévenu.
Les menaces de guerre commerciale agitées par l’administration Trump ont récemment perdu en intensité mais pourraient, si elles étaient mises à exécution, « freiner la croissance, la productivité et l’investissement », a assuré Mme Lagarde.
La dirigeante a notamment exhorté l’administration américaine à renoncer à désigner officiellement la Chine comme un pays manipulant sa monnaie, une promesse de campagne du président Trump qui risquerait d’entraîner des représailles de Pékin.
« On ne peut pas désigner un pays isolé parce que le système fonctionne comme un ensemble. Quand une monnaie monte quelque part, une autre baisse ailleurs » sur le globe, a assuré Mme Lagarde.
Afp