La dernière visite du premier ministre Français, Bernard Cazeneuve en Algérie, témoigne encore une fois de cette volonté d’aller de l’avant en matière de coopération politique et économique entre les deux pays. Le « couple » Algéro-français, qui, tantôt, s’aime et tantôt s’entredéchire, par différentes manières, s’achemine selon toute vraisemblance vers le renforcement des relations économiques notamment. C’est du moins ce qu’on veut nous faire vendre des deux cotés de la méditerranée après la « virée » de Cazeneuve. Ce dernier, selon des sources diplomatiques aurait été instruit par le président Français, Francois Hollande, en personne, afin de réaffirmer, la volonté française à aller encore davantage en matière de coopération avec l’Algérie, à quelques encablures des élections présidentielles françaises qui s’annoncent extrêmement risquées, pour cause de la montée en puissance de l’extrême droite.
« La majorité des contentieux qui bloquaient les relations économiques bilatérales ont été réglé. Un grand nombre de contentieux entre Sonatrach et Engie et Total par exemple ont été réglés. Il y a un nouvel élan dans la coopération bilatérale dans le cadre de la politique nationale de diversification économique » indiquait la partie Algérienne, par la voie de son premier ministre Abdelmalek Sellal. Ce dernier, annonçait même, à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse avec son homologue Français, que le projet d’usine de véhicule de marque Peugeot verra le jour cette année 2017, après avoir été inscrits aux calendes grecques pour des raisons inavouées jusqu’ici.
Il est utile de rappeler que les relations entre l’Algérie et la France sont depuis 2012 dans une phase d’embellie historique. La déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie, signée par les deux chefs d’Etats lors de la visite de François Hollande en décembre 2012 a été suivie de la mise en place d’un Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), réuni trois fois (en 2013, 2014 et 2016) et d’un Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA), réuni également trois fois (en 2013, 2014 et 2015) ce qui a permis le renforcement de la coopération dans presque tous les domaines entre les deux pays.
Sur le site de l’ambassade de France à Alger il est clairement fait référence à cette « embellie historique ».
« Depuis 2012, cinquante ans après l’indépendance algérienne, la relation bilatérale a connu un renouveau historique, concrétisée par la signature de la déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie, par les deux présidents le 19 décembre 2012 », est-il écrit sur le site qui ajoute que « la mise en place du comité intergouvernemental de haut niveau réunissant les deux gouvernements à l’occasion de sommets franco-algérien réguliers est désormais la clef de voûte de notre coopération avec l’Algérie et permet la concrétisation de nombreux projets partagés par nos deux pays ».
En ce sens les mêmes sources soutiennent que les relations économiques et commerciales ont progressé rapidement depuis 1999 et sont particulièrement denses. Les échanges ont tout simplement triplé entre 1999 et 2013. En 2014, la France est devenue le 2em partenaire de l’Algérie avec 10,9% de part de marché (12,08% en 2012) derrière la Chine (12,4%) et devant l’Italie (10,3%). Néanmoins, ajoute, le site de l’ambassade, la part de marché subit une érosion constante depuis 2000, en raison d’une concurrence accrue (Italie, Espagne, Allemagne, Turquie mais surtout Chine). La France semble proportionnellement avoir moins profité que ces concurrents de l’ouverture relative de l’économie algérienne.
Toutefois, la France est cependant toujours le premier investisseur hors hydrocarbures et premier employeur étranger en Algérie, est-il souligné de mêmes sources en précisant que les entreprises françaises emploient près de 40.000 salariés (100.000 si l’on inclut les indirects), pour environ 500 entreprises implantées (une trentaine du CAC 40 sont actives ou présentes sur le marché algérien).
L’on précise également que le principal secteur porteur d’emplois et d’activité est celui des services : les services financiers grâce à la présence de Société Générale et BNP Paribas, les transports (avec notamment la présence d’Air France). Dans le domaine maritime, CMA-CGM, avec un effectif de 400 personnes, est leader sur le marché algérien, l’hôtellerie-restauration (groupes Accor, Sodexo, Newrest), la distribution automobile à travers Renault et Renault Trucks, le secteur de l’environnement avec Suez Environnement.
Mais la France doit désormais faire face à un adversaire de taille. Les exportations françaises, ont progressé, mais la Chine est devenue le premier fournisseur de l’Algérie et un partenaire grandissant. La donne a donc complètement changé. Ce n’est pas tout. Les USA, pour des considérations géopolitiques certainement, s’intéressent également de plus en plus à l’Algérie, devenu, après la partition du Soudan, le plus grand pays Africain.
L’Algérie et la France, tous deux, prisonniers du passé, se sont regardés en chiens de faïence durant plusieurs décennies. La France qui a tout misé sur le Maroc, en particulier, lors de la décennie noire qu’a vécue l’Algérie, semble revenir à de meilleurs sentiments, en témoigne cette « saga » entre les deux pays. La visite du premier ministre français, Bernard Cazeneuve, semble indiquer que l’Algérie est désormais inscrite sur le « dispositif stratégique » de l’état français. Il reste à savoir si la même vision est partagée coté Algérien, même si de nombreux indices le confortent ?