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Messaoud Belambri, président du Snapo : « La politique nationale du médicament doit impliquer tous les intervenants du secteur »

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Le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), Mr Messaoud Belambri nous livre dans cet entretien, des détails sur l’importante rencontre que va organiser son syndicat le 18 mars prochain (samedi). Une rencontre qui intervient au moment où le secteur du médicament connait des perturbations en Algérie. Il s’exprime également sur les besoins urgents des officines insistant sur le fait que le pharmacien titulaire aurait besoin d’un pharmacien assistant. Sur la politique nationale du médicament, Mr Belambri considère que quelle que soit la politique nationale tracée, elle aura toujours besoin d’être réajustée et révisée.

Algérie-Eco : Le Snapo organise le 18 mars la 10 éme journée nationale pharmaceutique. Peut-on avoir plus d’information sur cette rencontre?

Messaoud Belambri: C’est la journée pharmaceutique nationale du SNAPO qui regroupera des pharmaciens d’officine de toutes les wilayas d’Algérie, et de nombreux ministères et institutions, avec la participation d’experts et d’acteurs activant dans le domaine pharmaceutique. L’Agence nationale des produits pharmaceutiques (l’agence du médicament) vient d’être installée, sa directrice générale, Docteur Ouatfa Benayad Cherif viendra donner un exposé sur ces attributions et missions. C’est un organe attendu depuis longtemps et il est appelé à jouer un rôle très important dans l’organisation et la régulation du marché du médicament en Algérie. Un exposé sur le marché local et mondial du médicament sera également présenté par Mohand Sidi Said, consultant et expert international d’une grand expérience, ce qui permettra aux professionnels d’avoir une vision clair sur la situation du médicament et son évolution en Algérie, et face à tout ce qui se passe dans le monde, mais également en fonction de la situation économique de notre pays qui connait de nouvelles orientations, nous avons tous -« Décideurs, Investisseurs, et Acteurs »- besoin d’analyser notre situation réelle et de convenablement orienter son développement en fonction de la situation universelle.

Il ne faudrait pas que tout ce qui se fait actuellement, en matière d’investissement dans le domaine pharmaceutique, se révèle infructueux dans le futur.

Nous parlerons également de l’oncologie, car les pharmaciens ont un rôle à jouer dans la prise en charge des malades atteints du cancer. Professeur Kamel Bouzid, du centre Pierre et Marie Curie, et président de la société algérienne d’oncologie, pourra définir la cadre d’intervention des pharmaciens, non seulement par la mise à disposition des malades des médicaments anticancéreux et la prise en charge de la douleur, qui leur sont nécessaire, mais aussi dans le cadre du Conseil et de l’Accompagnement de ces malades en ambulatoire.

Il y a un plan anti-cancer mis en place par le président de la république, et les pharmaciens sont appelés à jouer un rôle important qui leur incombe dans la chaine des soins. Le projet de loi sanitaire a toujours prévu d’introduire un ancrage juridique concernant le pharmacien assistant au niveau de l’officine, et le Snapo y travaille depuis les années 90 pour l’introduction de cette notion.

Vous avez insisté à maintes reprises, que face à l’évolution de la profession et à la multiplicité des tâches et mission au sein de l’officine, le pharmacien titulaire a besoin de la présence d’un autre pharmacien. Pouvez-vous nous éclairer ?

Ce n’est certes pas toutes les officines qui auront besoin d’un pharmacien assistant, mais elles seront très nombreuses.  Je rappelle aussi que sans que le texte officiel concernant le pharmacien assistant existe, nous comptons déjà plus de 1200 pharmacies qui emploient un à deux pharmaciens assistants.

Le projet de loi prévoit donc l’ajout de cette notion, et ça sera par texte d’application (décret ou arrêté ministériel) que les statuts et modalités techniques seront définies. C’est pour cette raison, que nous avons invité Docteur Jérôme Presys Barbier, président de la section nationale des pharmaciens adjoints du conseil de l’ordre de France pour venir présenter une conférence à ce sujet.

Il faut rappeler qu’en France, la notion de pharmacien assistant existe depuis plusieurs dizaines d’années, et c’est une expérience qui pourra nous servir et nous éclairer sur le plan pratique et réglementaire.

L’industrie pharmaceutique en Algérie est en plein développement, et c’est un secteur qui a attiré de nombreux investisseurs. Le ministère de la santé compte pas moins de 120 projets en cours de réalisation. Professeur Mohamed Salah Kaoua spécialiste et expert ayant accompagné plusieurs investisseurs pour la réalisation de leurs projets, va justement donner une conférence pour expliquer comment peut-on réaliser une unité de production, une communication-conseil résumant les étapes et procédures à respecter sur le plan technique et réglementaire.

Que pensez-vous de la politique nationale du médicament?

Au regard de tous les éléments de réponse apportés à votre première question, vous constaterez que nous avons parlé de marché mondial et local du médicament, d’investissement dans la production, de prise en charge des malades atteints du cancer, d’agence nationale du médicament, du projet de loi sanitaire et du pharmacien assistant. Tous ces éléments constituent des points fondamentaux, intégrés de manière forte dans la politique nationale du médicament, et au sein de la quelle le pharmacien se trouve impliqué de manière directe. Et à travers le programme de cette journée, nous souhaitons permettre aux pharmaciens d’être informés de l’environnement au sein duquel ils vont évoluer et d’avoir une visibilité réelle sur ce que va être leur situation dans un futur très proche.

Si on ajoute les deux conférences qui vont être données par la Fédération Algérienne du Médicament (constituée de l’Unop, Adpha, et Snapo), et celle qui sera présentée par le Snapo, et qui vont parler des aspects réglementaires et économiques régissant le médicament en Algérie; je crois que ça va convenablement cerner toute la politique du médicament en Algérie.

La politique du médicament est définie par un ensemble de mesures pratiques techniques et réglementaires, guidés à l’origine par une vision, une stratégie, et des objectifs. Tout pays doit tenir compte non seulement de facteurs intrinsèques, mais aussi de facteurs externes qui influent et agissent sur le plan international. C’est pour cette raison, et ce, quelle que soit la politique nationale tracée, elle aura toujours besoin d’être réajustée et révisée. Ceci doit se faire de manière régulière, mais aussi dans la concertation en impliquant tous les intervenants du secteur, car chacun a son importance, et sa petite pierre à apporter au grand édifice que nous comptons tous construire.

Sur la pénurie de certains médicaments, les responsables du secteur la réfutent. Quel commentaire faites-vous dans ce sens?

Le Snapo, dans le cadre de ses relations et travail de coordination avec le ministère de la santé, signale régulièrement les produits indisponibles ou qui font l’objet de tension. En tant qu’organisation professionnelle, et en tant que pharmaciens d’officine, il est de notre devoir de signaler tout manquement concernant l’accessibilité au médicament à l’autorité sanitaire.

Les pharmaciens jouent un rôle de veille sanitaire, et il serait irresponsable de notre part de ne pas signaler les produits en rupture, ou disponible en quantité très insuffisante, au ministère de la santé.

Encore une fois, il y a bel et bien des médicaments totalement absents au niveau des officines, et beaucoup d’autres qui font l’objet de livraisons irrégulières, rationnées, et en quantités dérisoires par rapport aux besoins sanitaires et à la demande des patients.

Il est également à noter, que les médicaments en rupture ne sont pas seulement ceux importés mais aussi beaucoup de produits fabriqués localement.

Nous avons toujours appelés à instaurer de véritables mécanismes de régulation, capables de stabiliser le marché.  Les facteurs amenant à de telles situations de perturbation doivent être convenablement diagnostiqués et identifiés, afin d’adopter des solutions pratiques, techniques, et réglementaires, pouvant assurer la disponibilité de manière régulière et continue.

Le problème de la rupture a été signalé par les médias et les citoyens, et il n’y a qu’à faire un tour au niveau des officines pour confirmer ou infirmer cette situation.  Notre rôle n’est pas de polémiquer à ce sujet, il y avait une réalité de terrain, nous avons confirmé un constat, et nous le faisons avec responsabilité, objectivité, et professionnalisme.

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