Dans cet entretien, l’expert en économie, Mr Abdelhak Lamiri, nous donne son avis sur les résultats de la nouvelle stratégie économique du gouvernement basé sur le développement industriel du pays. Pour lui, il faut maintenant moderniser le management et s’attaquer aux problèmes de la compétitivité. Notre interlocuteur insiste sur la priorité qui doit être donnée à l’agriculture de base comme les céréales, le lait et l’élevage.
Algérie-Eco : Certains spécialistes parlent d’une nouvelle approche qui s’installe dans le secteur industriel en Algérie. Quel commentaire faites-vous dans ce sens?
Mr Abdelhak Lamiri : Le secteur industriel est entrain d’améliorer sa situation. Ceci est surtout du aux nouveaux investissements privés mais surtout publics. L’analyse de certains indicateurs comme la croissance de la production et les bénéfices des entreprises (plus de 24%) permet de voir qu’il y a des améliorations. Mais pour le moment ces améliorations ne sont pas suffisantes pour réindustrialiser le pays; elles sont surtout dues à un investissement massif. Il faut maintenant moderniser le management et s’attaquer aux problèmes de la compétitivité. Ce qui implique de passer de la quantité à la qualité; ce n’est qu’à cette condition qu’on peut compter durablement sur l’industrie.
Pensez-vous que la nouvelle stratégie économique gouvernementale pour faire face à la crise pétrolière, commence à donner ses fruits?
La nouvelle stratégie du gouvernement est entrain de produire exactement les résultats qu’on a prévu. Les experts ont dit juste après la chute brutale des prix pétroliers que si on continue avec les anciennes politiques (investissements massifs dans les infrastructures) on ira vers la catastrophe. Le gouvernement a réduit drastiquement les dépenses dans ce domaine. C’est une décision sage. L’investissement dans l’économie productive et la réduction des importations a permis de stabiliser la situation avec un minimum de problèmes sociaux. Cette situation moyenne va probablement durer. Grâce aux réserves constituées et aux réajustements politiques, on a évité le pire. Mais il faut d’autres politiques pour postuler à l’émergence et au développement.
On dit également que tout peut reposer sur l’industrie agroalimentaire. Êtes-vous de cet avis?
L’agroalimentaire n’est qu’un secteur parmi tant d’autres. Par ailleurs, la priorité devrait être donnée à l’agriculture de base (céréale, lait, élevage etc). Tous les autres secteurs seront au même niveau. Les industries du savoir ne doivent pas être négligées. L’agroalimentaire est important mais il y a d’autres secteurs plus importants encore.
Quelles sont les autres secteurs qui peuvent sauver l’économie nationale, en dehors des hydrocarbures?
Si on veut passer de la stabilisation à l’émergence il faut premièrement en priorité assurer sa souveraineté. Nous parlons ici d’agriculture déjà évoquée, puis de valorisation des ressources disponibles (fer, phosphate, dérivées des hydrocarbures), l’agroalimentaire, le tourisme, les industries de l’éducation et le renouvelable constituent les facteurs clés de succès.