La 20e tripartite suscite des réactions mitigées, et impose les mêmes interrogations inhérentes aux précédentes tripartites. C’est ainsi que pour l’économiste M’hamed Hamidouche, « quand on annonce des réserves de changes de l’ordre de 96 milliards de dollars en juillet 2017, au lieu des 114 milliards prévues. Il faut savoir que le bilan provision de la banque centrale, fait état en décembre dernier de 16 milliards de dollars, sur lesquels on ne peut prélever que 2,1 milliards de dollars, ce qui fait qu’on retombe à 100 milliards.
Alors qu’en réalité, le compte provision renferme les pertes qui ne seront pas annoncés, comme celle du Brexit qui a occasionné en 24 heures une perte de 3 à 4 milliards dollars pour l’Algérie, vu que la livre sterling avait perdu 30% de sa valeur, mais cela n’est portée sur les écritures et les bilans généraux, dans ce sens, il suffit de consulter le compte provision et de multiplier le montant de ce compte par le taux de change pour avoir une idée sur les pertes ».
Par ailleurs, il considère que « la situation est catastrophique, et le discours de la tripartite demeure politisé « la tripartite est devenu un débat où c’est le politique qui prime, le volet économique demeure absent. Et pour cause, l’ordre du jour devrait être centralisé sur la croissance économique, plus exactement sur le niveau de la richesse qu’on doit créer ».
Et dans ce sens, « deux voies sont possibles, soit l’Etat doit faire des concessions sur ses revenus, et appliquer moins d’impôts, soit carrément l’inverse, partir sur une politique basée sur l’augmentation des taxes et impôts pour créer cette richesse » explique l’expert.
Evoquant le problème de l’inflation, « dans ce dernier cas, si cette augmentation n’est pas répercutée sur le consommateur, elle sera prise en charge par les entreprises, et s’inscrira en ponction sur leurs bénéfices. Et par conséquent impactera négativement le pouvoir d’achat du travailleur, et se traduira par l’absence de relèvement du Smig, et de l’augmentation des salaires, et définit une inflation anormale de prés de 10%, à ce stade de la problématique, se sont les préoccupations à court terme qui normalement sont mises sur la table de cette tripartite ».
S’agissant du nouveau modèle économique, M.hamidouche, insiste sur le fait que si le court terme n’est pas priorisé, n’est pas correctement traité, il est impensable d’évoquer le moyen ou le long terme « pour parler du nouveau modèle économique, il faut mettre sur la table les objectifs, c’est-à-dire déterminer la valeur de nos ressources, et de façon à optimiser la compétitivité. Au demeurant , le nouveau modèle économique n’est qu’un document administratif, alors qu’il faut plus de deux ans pour préparer un nouveau modèle, et une étude faite auprès de grands bureaux internationaux, qui disposent de banque de données et de capacité de comparaison, sur les modèles qui ont réussi ».
Solutions inefficaces, et absence cruelle d’accord de libre échange
Smail Lalmas, président d’Algérie Conseil Export, estime que « les tripartites se répètent inlassablement et n’avancent aucune solution, pour moi, le plus important est de régler le problème du pouvoir d’achat, le bien être du consommateur, surtout quant on sait que si il n’a y’a pas de consommation, il n’a y’aura pas de production. En outre, on constate que le gouvernement fait du sur place, ainsi, toutes les mesures et les mécanismes prescrits pour redresser la situation, les facilitations à l’investissement, le nouveau modèle économique, n’ont abouti à aucun résultat, on ressasse toujours le même ordre du jour. Entre temps tous les indicateurs économiques reculent. Nous sommes, à 30 milliards de dollars de déficit en termes de paiement, à 18 milliards de dollars de déficit en balance commerciale, et ce lundi le premier ministre annonce 96 milliards de réserves de change, pour juillet 2017, et une reprise à la hausse par la suite.
Et d’ajouter « notre interrogation est de savoir comment ces réserves vont augmenter, à moins que le gouvernement se base sur une éventuelle remontée des prix du pétrole. C’est précisément à ce niveau où la situation devient critique du fait que, pour nous, c’est plutôt l’inverse qui va se produire. Notamment avec le retour en force de la production de pétrole de schiste américain qui atteint 9 millions de baril /jour, les prix auront tendance à baisser plus. De surcroit, on entend parler d’un nouveau modèle économique qu’on ne voit nullement sur le terrain ».
Sur le plan de l’exportation, M.Lalmas dénonce un manque de prise de conscience du gouvernement en matière de stratégie dans ce domaine « je m’étonne quand j’entends parler de conquête des marchés africains, comme chose facile. Je ne suis pas d’accord, et je considère que le marché africain, est très difficile à pénétrer, du fait que les plus grandes puissances sont déjà sur place et protégeront farouchement leur position. En plus, tant qu’il n’y a pas d’accord de libre échange, nus ne serons jamais concurrentiels, du fait que la majorité des pays africains sont membres de l’OMC, donc pas de barrières tarifaires, ce qui n’est pas notre cas, c’est précisément sur ces problématiques, que les tripartites doivent se pencher ».