Les pays membres de l’OPEP sont-ils devenus des acteurs -clés du rééquilibrage du marché pétrolier ? Après le dernier rapport rendu public par l’agence internationale de l’énergie (AIE), la question mérite d’être posée, sachant que l’OPEP était toujours minée durant des décennies par des frictions, d’ordre politique et même idéologiques. Avec une diminution d’un peu plus de 1 million de baril en décembre dernier, cette première coupe est « certainement » l’une des « plus profondes » dans l’histoire des initiatives de réduction de la production de l’OPEP, selon le rapport de l’AIE. L’accord de réduction de la production décidé à Alger serait-il un « succès » sans le concours des autres pays non membres de l’OPEP ?
Il faut savoir que la contribution des producteurs non-membres de l’OPEP était primordiale pour la réduction du surplus de production mondiale. En effet, un engagement de dernière minute de la Russie pour une diminution de 300.000 barils par jour était essentiel pour l’obtention d’un pacte de l’OPEP sur une réduction de 1,2 millions de barils par jour.
L’engagement de cet important producteur pétrolier sur une réduction de 300.000 barils par jour a été en quelques sortes le ciment qui a permis de solidifier l’accord de l’OPEP.
Le poids de la Russie sur l’échiquier mondial a fait en sorte que cet accord, soit respecté scrupuleusement par certains pays à l’image de l’Arabie Saoudite et de l’Iran qui se livrent à des « guéguerres idéologiques » influant négativement, d’une manière ou d’une autre, sur le marché et les cours du pétrole. L’Arabie Saoudite, qui nageait à coutre courant des intérêts des pays membres de l’OPEP, semble même réduire sa production au-delà de ce qui a été décidé.
Les producteurs de pétrole sont revenus à une stratégie plus classique de recherche du juste prix mais seront inéluctablement confrontées à la production de schiste américain au 1er trimestre 2017. Les USA ne cachant pas en effet, leur intention d’inonder le marché cette année par du pétrole extrait de la roche ce qui va encore une fois créer des « fluctuations » des prix.
Le risque d’une autre chute des prix n’est pas à écarter mais la politique des « vannes ouvertes » défendu par certains pays du moyen orient semble terminée, du moins durant la conjoncture actuelle. L’accord historique conclu à Alger en septembre dernier pour la réduction de la production pétrolière a démontré que désormais rien ne peut rester figer en géopolitique.
En amenant l’Arabie Saoudite et l’Iran que tout opposait, à signer l’accord, la diplomatie Algérienne à réussi un coup de maitre. Mais cela n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’accord tacite de la Russie.
La présence de responsables du gouvernement russe au forum sur l’énergie organisé en septembre à Alger était un gage pour trouver un accord lors la réunion des pays membres de l’OPEP, tenue en marge, du forum.
Depuis novembre les treize membres de l’OPEP ont réussi à reprendre la main, en parvenant à un accord inespéré de baisse de sa production. Mieux encore, ils ont réussi à entraîner la Russie et quelques autres (Mexique, Kazakhstan, Azerbaïdjan…) dans leur sillage pour donner plus de poids à leur renversement de stratégie. La guerre du prix de pétrole ne fait que commencer. 2017 sera une année charnière pour le marché du pétrole. La crédibilité du cartel de l’OPEP sera mise à rude épreuve.