Dans cet entretien, l’expert des risques industriels, Mr Alikara nous parle des mesures qu’il faut prendre pour faire face aux risques industriels au moment où le pays s’oriente vers la réalisation de différents projets dans ce secteur. Selon lui, tous les secteurs de petite, moyenne et grande industrie sont concernés par le risque industriel et les plus vulnérables sont ceux où l’insuffisance ou encore même l’absence des contrôles périodiques, engendre inévitablement des effets irrémédiables.
Algérie-Eco : L’Algérie s’oriente de plus en plus vers les projets industriels pour compenser les pertes des recettes d’hydrocarbures suite à la chute du prix du baril. D’abord, qu’en est-il de la question des risques industriels dans celà?
Mr Alikara : En réorientant les investissements industriels vers l’exploitation de ces nouveaux projets industriels, notre pays veut vraisemblablement promouvoir la production nationale et donc par là même, à court et moyen terme, réduire un temps soit peu notre dépendance aux hydrocarbures et surtout réduire la facture des importations. Un objectif qui devient une nécessité compte tenu du tarissement des recettes financière du pays principalement dû à la chute vertigineuse de l’or noir.
Finalement, oserions-nous dire, la chute des prix du pétrole pourrait être une chance pour notre économie afin que l’on se remette aux standards internationaux.
L’ensemble des industries de tous les secteurs confondus sont concernés par le risque industriel, un projet industriel quel qu’il soit doit avoir son étude de risque, son plan d’intervention interne, son étude de danger et son étude d’impact sur l’environnement.
Ceci dit notre pays l’Algérie n’est pas une ile à part, elle doit suivre les évolutions industrielles dans différents domaines en général et en particulier dans celui du risque industriel.
Notre pays s’est suffisamment doté d’une impressionnante batterie de lois qu’il suffit d’appliquer tout bonnement pour chaque type de projet que l’Etat ou le privé veut mettre en œuvre.
Les risques industriels ne sont pas négligeables ces derniers temps avec divers accidents qui se sont produits dans certains chantiers. Quels sont à votre avis les secteurs les plus exposés aux risques industriels?
Il est utile de rappeler qu’à chaque sinistre principalement du au risque industriel, en plus d’un manque à gagner s’ajoute aux séquelles de ce sinistre, à savoir les pertes de vies humaines, les pertes d’emplois, le temps d’immobilisation pour la remise à neuf, les traumatismes sur le personnel, perte de parts de marchés pour l’entreprise et renouvèlement des équipements endommagés par le sinistre. Et la liste est encore longue.
Sans aucune différence, tous les secteurs de petite, moyenne et grande industrie sont concernés par le risque industriel et les plus vulnérables sont ceux où l’insuffisance ou encore même l’absence des contrôles périodiques, engendre inévitablement des effets irrémédiables. Un simple relâchement ou un simple report sur une partie des équipements qui doivent subir des contrôles peut engendrer une défaillance.
À titre d’exemple sur un rideau coupe feu qui ne se ferme pas ou qui soit obstrué par un simple petit carton peut propager un incendie en moins d’une minute, soit dit en passant le rôle d’une porte coupe feu (rideau coupe feu) doit résister à au moins une (01) heure à un incendie. Le risque industriel ne doit pas se limiter au remplacement des moyens de protection (extincteurs) toutes les périodes de six mois et dire que l’on est protégé.
Quelles solutions adopter pour réduire ce phénomène à votre avis?
Les solutions à adopter sont multiples et très peu coûteuses, mais en général en s’en aperçois qu’une foi que l’on a subit un sinistre, nous allons donc les résumer comme ceci.
Il faut d’abord investir sur l’homme qui doit s’occuper des risques industriels, avoir un bureau conseil spécialisé en risques industriels, faire des cycles de formation du personnel, réaliser des simulations de sinistres avec le concours de la protection civil, contrôler en permanence des installations dédié à la protection, réseau d’incendie, interne et externe, système d’alarme visuel et sonore, installer des procédures de secours dédié à chaque atelier, hangar, bloc d’immeuble ou administration. Il faut aussi la mise à jour des nouvelles technologies dans le domaine du risque industriel et investir dans du matériel de bonne qualité.
Que pensez-vous également des mesures prises par les pouvoirs publics dans ce sens?
La relance de toutes les industries en Algérie est primordiale et il ne devrait pas y avoir d’industries sélectives ou favoriser un type d’industrie par rapport à un autre. La relance de notre économie passe obligatoirement par une industrie forte, diversifiée et à forte valeur ajoutée, donc à rentabilité élevée.
Bien entendu, nous ne devons pas perdre de vue les risques inhérents à tout type d’industrie. Nous devons insister sur le fait que toute industrie émane de l’homme. En créant cette dernière, il n’a pas omis de se prémunir contre les risques immédiats de cette même industrie.
L’Europe en est à sa troisième génération des protections individuelles et environnementales. Ces mêmes lois et directives doivent être ajustées pour être appliquées chez nous, pour la simple raison que nous importons toutes les industries d’Europe ou des Etats-Unis d’Amérique.
Il faut imposer les mêmes règles protectives appliquées chez eux et adapter l’homme actuel aux industries. Il est à savoir également qu’aucune industrie ni aucun industriel ne peut être au-dessus des lois existantes en Algérie. Toute nouvelle installation industrielle classée est soumise à l’obligation des études environnementales qui prennent en charge tous les aspects de protection liés directement et/ou indirectement au projet.