L’industrie automobile réunie à partir de ce lundi au salon de Detroit (Etats-Unis) va avoir les yeux rivés sur le compte Twitter de Donald Trump dont elle est devenue la cible privilégiée dans sa volonté de rapatrier les emplois industriels aux Etats-Unis.
En quelques semaines, le président élu américain a commis des tweets rageurs contre General Motors (GM), Ford et Toyota, soit les trois plus gros vendeurs de voitures sur le sol américain. Il est plus que probable qu’il va saisir la vitrine qu’est le salon de Detroit, à partir de ce lundi, pour interpeller directement l’industrie qui a mis le cap au sud, alléchée par des subventions et une main d’oeuvre mexicaine bon marché.
Un salarié est payé entre 5 et 8 dollars de l’heure dans les usines mexicaines, contre en moyenne 20 dollars chez Ford par exemple, indique à l’AFP Scott Houldiesen, responsable de section du puissant syndicat américain UAW sur le site Ford de Chicago.
Les questions que nombre se posent dans les quartiers généraux et les suites d’hôtels réservés par les grands constructeurs sont: qui sera le prochain groupe à subir les foudres du président élu ? Et en a-t-il fini avec GM et Toyota, voire Ford, bien que ce dernier ait renoncé sous pression à construire une usine au Mexique ?
La veille sur Twitter, mode de communication favori de Donald Trump, est ainsi devenue une priorité pour les cellules réseaux sociaux des constructeurs. « Nous surveillons activement les réseaux sociaux », a indiqué à l’AFP Jeannine Ginnivan, une porte-parole du géant allemand Volkswagen, qui dispose d’un site de production au Mexique.
Son identique chez sa filiale haut de gamme Audi, qui a démarré fin septembre 2016 la production du nouveau modèle Q5 dans l’état de Puebla au Mexique. Cette usine, la première de la marque aux quatre anneaux en Amérique du nord, a une capacité de production de 150.000 voitures par an et emploie jusqu’à 4.200 personnes.
GM fait savoir pour sa part que la veille serrée des réseaux sociaux est une « pratique standard », pour être au courant de tout ce qui est dit sur l’entreprise. D’autres constructeurs anticipent d’ores et déjà les attaques du président américain. C’est le cas de Fiat Chrysler (FCA US), qui a annoncé dimanche créer 2.000 emplois aux Etats-Unis et y rapatrier la production d’une camionnette à plateau de modèle Ram qui était produite jusqu’ici au Mexique. « Depuis juin 2009, nous avons annoncé des investissements de l’ordre de 8,4 milliards de dollars aux Etats-Unis et recruté 25.000 personnes supplémentaires », a réaffirmé auprès de l’AFP le groupe renfloué par les fonds publics américains après sa faillite il y a sept ans.
Chantre du « made in America », M. Trump a durement critiqué les accords commerciaux négociés par ses prédécesseurs, les accusant d’être responsables de la perte de millions d’emplois industriels aux Etats-Unis. Il a notamment promis de dénoncer l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
Ce traité prévoit que si au moins 65% des pièces d’un véhicule sont d’origine nord-américaine (Etats-Unis, Canada et Mexique), celui-ci peut être vendu sur le territoire américain sans aucune taxe d’importation.
Les groupes automobiles présents aux Etats-Unis se sont engouffrés dans cette disposition pour multiplier les investissements au Mexique. Entre 1999 et 2013, les investissements directs étrangers y ont dépassé les 30 milliards de dollars, selon le lobby ProMexico.
En parallèle, les Etats-Unis sont devenus au premier trimestre 2015 la plus importante destination des importations de véhicules mexicains (70%), d’après l’association spécialisée mexicaine AMIA.
Les plus gros vendeurs de voitures aux Etats-Unis ont des sites de production dans le pays, y compris Mercedes-Benz et BMW, qui vont commencer à fabriquer des voitures « made in Mexico » à compter de 2018 et 2019 respectivement.
AFP