La Chine a relevé de quasiment 1% le taux de référence du yuan face au dollar, soit la plus forte hausse journalière depuis onze ans, signe de ses efforts pour enrayer la dépréciation de sa monnaie.
La banque centrale chinoise (PBOC) a fixé à 6,8668 yuans pour un dollar le cours-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer face au billet vert, dans une marge de plus ou moins 2% de part et d’autre. C’est le plus fort relèvement journalier de ce taux depuis 2005.
Cette décision intervient alors que le cours de la monnaie chinoise sur le marché évoluait récemment au plus bas depuis huit ans, tutoyant les 7 yuans pour un dollar. Le yuan s’est effondré de 7% face au billet vert en 2016.
Mais le renminbi s’était sensiblement repris ces derniers jours, à l’unisson d’un fort affaiblissement du dollar face aux grandes devises après son envolée de fin d’année.
« C’est un mouvement technique (du marché des changes) et la PBOC a su en tirer avantage » pour donner un coup de pouce au yuan, commente Irene Cheung, analyste de la banque ANZ à Singapour.
D’ailleurs, « à en juger la rapidité de l’appréciation du yuan (lors de son récent rebond), on peut penser que la PBOC est intervenue sur le marché pour soutenir son cours », ajoutait Kenix Lai, analyste de Bank of East Asia, cité par Bloomberg.
C’est une manière pour l’institution d' »exprimer sa forte détermination à maintenir la devise stable, et à restaurer la confiance (des investisseurs) », a-t-il noté.
Certes, le renminbi n’est pas librement convertible, le régime communiste contrôlant étroitement les mouvements financiers et la PBOC pouvant régler à sa guise le cours-pivot qui encadre les fluctuations de la monnaie.
Mais l’institution ne peut faire abstraction des intenses pressions du marché: or, la confiance générale envers le yuan est largement écornée, comme en témoigne sa dégringolade de l’an passé.
Le yuan souffre sévèrement des incertitudes sur la santé de l’économie chinoise, ainsi que du renchérissement du dollar depuis la victoire électorale de Donald Trump et en prévision de relèvements de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Surtout, le yuan reste plombé par de massives fuites de capitaux hors de Chine (690 milliards de dollars pour les dix premiers mois de 2016, selon Bloomberg).
Soucieux d’enrayer l’hémorragie, Pékin a dévoilé la semaine dernière de nouvelles restrictions sur les échanges de devises, tout en encourageant les groupes étatiques à vendre leurs devises étrangères contre des yuans.
Des annonces qui ont également pu nourrir, selon certains analystes, le net rebond du yuan ces dernières séances sur le marché hongkongais
afp