La presse économique internationale fait épisodiquement part de l’existence d’importants gisements d’uranium en Algérie. Les sites de Timgaouine, Abankor et Tinef localisés dans l’extrême sud-est du pays sont les plus souvent cités.
Il y a sans doute du vrai dans cette information du reste corroborée par l’ex ministre de l’Energie et des Mines, monsieur Chakib Khelil qui avait dans une déclaration datant de septembre 2009 (toujours disponible sur internet) que « le sol algérien recélerait environ 29.000 tonnes d’uranium, minerai de base de l’énergie nucléaire ».
Quand on sait que la quantité d’énergie qu’on peut tirer d’une boulette d’uranium équivaut à 5200 mètres cubes de gaz naturel, on mesure l’importance de cette manne pour un pays qui doit, sans trop tarder, diversifier ses sources d’énergies.
Les gisements d’uranium répertoriés par le ministère de l’Energie ne seraient pas des découvertes récentes. Ils ont tous sans exception, été mis en évidence dans les années 70 et 80, mais le coût d’extraction avec les moyens et la technologie de l’époque étaient trop élevé (autour de 50 dollars la tonne) pour en faire une industrie compétitive à l’exportation.
Le coût de production était en effet excessivement fort par rapport au prix du marché qui ne dépassait guère 30 dollars. L’extraction de ces filons d’uranium étaient de ce fait reléguée aux calendes grecques.
La situation du marché mondial de l’uranium ayant beaucoup changé avec la construction d’un nombre considérable de centrales nucléaires, il s’est avéré avantageux de disposer de ce minerai de base dont le prix à la tonne ne cessait de grimper. En 2009 les cours mondiaux oscillaient, croit on savoir, entre 75 et 80 dollars la tonnes.
D’où la nécessité de réexaminer la question. Les coûts d’extraction favorisés par de nouvelles générations d’équipements et techniques de production ont effectivement sensiblement baissés au moment où la demande mondiale d’uranium explosait.
C’est dans ce contexte économiquement favorable que l’Algérie cherche légitimement à exploiter ses gisements d’uranium dans l’objectif de commercialiser le minerai et, pourquoi pas, utiliser une partie de la production à des fins exclusivement civiles.
On se souviens que des appels d’offre internationaux avaient été émis au milieu des années 2010 à l’effet de découvrir de nouveaux filons et d’exploiter les gisements disponibles en partenariat avec des sociétés étrangères mais on ignore si ces appels à concurrence se sont soldés par des attributions de concessions. Un véritable black-out règne, comme on peut le comprendre, sur cette information considérée comme sensible.
Ayant obtenu, l’autorisation de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), l’Algérie peut en effet en toute légitimité internationale aller de l’avant en matière d’industrie nucléaire à vocation énergétique. Les deux réacteurs nucléaires dont elle dispose pourraient constituer un sérieux point de départ vers cet objectif, sous l’œil vigilant des organes internationaux de surveillance auxquels l’Algérie s’est soumise volontairement en adhérant au traité international de non prolifération nucléaire.
La supervision de l’AIEA est d’autant plus facile que l’Algérie n’est pas en mesure d’enrichir l’uranium qui requiert des moyens technologiques dont elle ne dispose pas. Pour faire fonctionner ses deux centrales, l’Algérie doit recourir à l’importation d’uranium enrichi en se soumettant aux règles de traçabilité imposées par l’Agence internationale.
Du côté du ministère de l’industrie et des mines, on nous a affirmé sous couvert de l’anonymat que l’Algérie n’envisage d’utiliser l’uranium, quand il sera extrait en quantité (ce qui n’est évidemment pas le cas aujourd’hui) que pour le commercialiser à l’étranger et en utiliser une partie pour produire de l’électricité et éventuellement faire tourner les installations « gazivores » telles que les usines de dessalement d’eau de mer et certains complexes métallurgiques.
La production d’électricité à base de gaz et de fuel est ruineuse, affirme t-il, et il serait temps d’injecter progressivement d’autres sources énergétiques, parmi lesquelles, les énergies solaire et éolienne pourraient occuper des places de choix, en attendant le nucléaire dont la maîtrise requiert encore beaucoup de temps.
Ce mix énergétique vers lequel l’Algérie doit absolument tendre durant les 30 prochaines années est, rappelle t-il, une des recommandations centrales du programme national des énergies renouvelables adopté par le Conseil des Ministres de février 2016.