Dans cet entretien, l’expert en économie, Mr Abdelhak Lamiri s’exprime sur le forum africain d’affaires et d’investissement tenu du 03 au 05 décembre à Alger. Pour lui, Une évaluation de ce genre d’événement demande une attente de plusieurs années estimant que le marché africain est potentiellement porteur sur le long terme et les Algériens ont bien fait de ne pas le négliger.
Algérie-éco : Le forum africain d’affaires et d’investissement s’est clôturé lundi dernier sous de bons auspices. D’abord comment évaluez-vous cette rencontre?
Mr Abdelhak Lamiri : La presse a fait une évaluation négative au vu des couacs qui se sont produits. Il était nécessaire d’essayer de bouger, de changer la donne en ces temps d’incertitudes et de crises. On manque visiblement d’expérience pour ce genre de rencontre de très haut niveau. Cela demande des entreprises hautement professionnelles pour garantir la réussite de ce genre d’évènement. Pour ma part, je ne souscris pas au pessimisme ambiant. Une évaluation de ce genre d’évènement demande une attente de plusieurs années. Il faut voir les investissements inter africains dans deux à trois ans pour commencer à se prononcer. Il y a le déroulement de l’évènement et les conséquences de l’évènement. Ce sont deux choses différentes. Il faut attendre quelques mois pour évaluer les premiers résultats.
Que peuvent attendre les opérateurs économiques d’un tel événement?
Les opérateurs doivent mettre en œuvre les mécanismes pour mieux échanger, se connaitre et développer de nombreuses formes de partenariats. Il s’agit de créer une structure légère qui informe, facilite et agit comme un catalyseur au profit de l’investissement inter africain (crédits, transmission des cahiers de charge, base de donnée des produits et services disponibles);
Pensez-vous que les représentants africains seront de plus en plus intéressés par le produit algérien après ce forum?
Les représentants africains ne feront pas de cadeaux aux entreprises algériennes. Ils ne sont preneurs que si le rapport qualité/prix est compétitif. Les produits et services qui entrent dans cette catégorie vont gagner quelques parts de marchés. Nous aurons principalement de l’agroalimentaire, de l’électronique et de la mécanique. Le marché africain a globalement un faible pouvoir d’achat et disparate et les circuits de distribution ne sont pas rodés. Mais il se dessine comme un marché potentiellement porteur sur le long terme. Les algériens ont bien fait de ne pas le négliger.
Quel avenir pour les exportations hors hydrocarbures sur le marché africain?
L’avenir des exportations hors hydrocarbures dépend de la modernisation du management des entreprises et la rénovation des politiques économiques. Ce sont tous les pays de la planète qui veulent exporter. C’est une compétition féroce. On ne peut gagner que si on travaille dur et mieux que les autres. Il ne faut pas oublier qu’on a dépassé 2 milliards de dollars d’exportation en 2000. Puis on a régressé, on est à peine à 1,200 milliards de dollars hors hydrocarbures. Les autres pays se sont améliorés plus que nous. Il faut renverser la tendance. C’est pour cela qu’on parle d’un plan stratégique, d’une mise à niveau des ressources humaines, la création des industries du savoir qui vont aider le tissu économique à se réformer. C’est tout un package compliqué. Je pense qu’on aura quelques améliorations; petit-être atteindre 3 milliards dans trois ou quatre ans mais on est loin devenir un pays hautement exportateur.
Entretien réalisé par Imène A