Plusieurs membres de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont jugé lors de leur dernière réunion monétaire juste avant l’élection présidentielle, qu’une hausse des taux d’intérêts devrait intervenir en décembre, selon un rapport mercredi.
Selon les minutes de la réunion du 2 novembre publiées mercredi, « la majorité des participants » au Comité monétaire (FOMC) estiment qu’un relèvement des taux devrait intervenir « relativement vite ».
« Plusieurs membres » ont jugé qu’elle était appropriée « dès la prochaine réunion monétaire » des 13 et 14 décembre « pour des raisons de crédibilité ».
D’après ce compte-rendu, les membres de la Fed n’ont à aucun moment évoqué nommément les élections présidentielles qui sont intervenues six jours après leur réunion.
Une seule fois dans ce rapport de 13 pages plus succinct qu’à l’ordinaire, les participants à la réunion ont signalé « l’incertitude sur les perspectives de la politique gouvernementale » comme pesant sur les décisions d’investissements des entreprises.
Certains ont pointé du doigt l’importance des risques internationaux notamment liés aux politiques monétaires à taux zéro qui peuvent « affecter la profitabilité du secteur bancaire européen ».
Ils se sont aussi dits soucieux « des conséquences des négociations (…) de la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne ». L’appréciation du dollar, si elle devait se poursuivre, est aussi vue comme pouvant restreindre « pour un temps considérable » une remontée souhaitée de l’inflation aux Etats-Unis.
Dans l’ensemble, l’activité économique américaine devrait continuer « une expansion modérée » et la lente remontée de l’inflation vers son objectif de 2% est vue comme « un développement positif ».
Les conditions du marché de l’emploi ont encore une marge d’appréciation, ont relevé les membres du Comité, alors que le taux de chômage est à 4,9% et que le taux de participation à l’emploi n’a guère augmenté.
Les taux interbancaires au jour le jour sont actuellement entre 0,25% et 0,50%, au même niveau depuis décembre 2015 où ils avaient été modestement relevés pour la première fois depuis près de dix ans.
Pour les économistes d’IHS Global Insight, « le Comité monétaire est prêt pour une hausse des taux en décembre, ses membres étant moins inquiets qu’avant de la faible inflation ». Depuis l’élection de Donald Trump, intervenue après cette réunion monétaire, ses projets de relance budgétaire « pourraient mener à une plus forte croissance de la production et des prix, conduisant la Fed à relever les taux plus rapidement ensuite », soulignent les économistes Sara Johnson et Ozlem Yaulaci dans une note.
Mais l’effet inverse est aussi possible, selon les experts de Barclays Research. Ceux-ci remarquent qu’à la suite de l’élection du magnat de l’immobilier, les taux à long terme ont fait un bond et que le dollar a continué de s’apprécier, ce qui pourrait repousser le tour de vis monétaire de la Fed. La hausse des taux longs a le potentiel de refroidir l’économie tandis qu’un billet vert plus fort, en rendant les importations meilleur marché, peut retarder l’inflation.
AFP