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Fillon-Juppé, deux nuances de libéralisme économique

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Impôts, dépense publique, retraites, droit du travail… Les programmes d’Alain Juppé et de François Fillon présentent de nombreuses similitudes, tant sur le plan économique que social, mais diffèrent sensiblement sur l’ampleur du « choc » qu’ils entendent créer.

« Tisane contre vodka »: voilà comment certains commentateurs ont résumé la différence d’approche entre le maire de Bordeaux et le député de Paris, les deux finalistes de la primaire de la droite. Une analyse en forme de clin d’œil après les invectives grinçantes échangées ces dernières semaines par les deux candidats.

« Le programme d’Alain Juppé, c’est un programme d’une extrême prudence », a ainsi raillé l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy. « François Fillon se présente comme le candidat qui a le programme le plus audacieux. Moi, je dis que c’est le programme le moins crédible », a rétorqué son challenger.

Les deux candidats, pourtant, ont des propositions très similaires. « Il y a très peu de différences », juge Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, pour qui « les deux programmes sont marqués par la politique de l’offre, avec une baisse de la fiscalité des entreprises et une réduction de la sphère publique ».

Une opinion partagée par Michel Didier, président de l’institut COE-Rexecode, proche du monde de l’entreprise, pour qui les propositions des deux candidats LR « sont assez proches dans leur inspiration ».

Les deux prétendants à l’Elysée, de fait, s’accordent à vouloir réduire les prélèvements obligatoires, en supprimant l’ISF et en baissant les charges et les cotisations sociales. En compensation, tous deux souhaitent augmenter la TVA, de 20% à 21% pour Juppé et à 22% pour Fillon

Ils prévoient en outre une réduction drastique de la dépense publique, de l’ordre de 100 milliards d’euros pour François Fillon, qui souhaite faire passer la dépense publique de 57 à 50% du PIB, et de 85 à 100 milliards d’euros pour le maire de Bordeaux.

Les deux anciens Premier ministres ont des positions proches également sur les questions sociales. Sur les retraites, ils prévoient de repousser l’âge de départ de 62 à 65 ans, avec un alignement progressif du régime des fonctionnaires sur celui du privé.

Concernant les chômeurs, ils souhaitent renforcer les contrôles, avec une radiation automatique après deux refus d’emplois dits « raisonnables », mais aussi réduire le montant des allocations versées, via des mécanismes de dégressivité et de plafonnement des indemnités.

Où se nichent alors les différences entre les deux programmes? « Le schéma est le même. Mais pas le rythme et l’ampleur » des mesures proposées, tranche Michel Didier. « Chez Fillon, on a l’impression que tout est multiplié par deux », abonde Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Le député de Paris propose ainsi de compenser les baisses d’impôts par 500.000 suppressions de postes de fonctionnaires en cinq ans, soit 10% de l’effectif de la fonction publique. Alain Juppé, de son côté, a évoqué entre 200.000 à 300.000 suppressions de postes.

Sur la remise en cause des 35 heures, là aussi l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy va plus loin. A la différence de Juppé, qui souhaite maintenir une durée légale à 39 heures, il supprime cette notion dans le secteur privé, laissant juste dans la loi la durée maximale européenne de 48 heures.

Ces prises de position renforcent l’image d' »ultra-libéral » dégagée par l’ancien lieutenant de Philippe Séguin, qui a vanté durant sa campagne les réformes menées par Margaret Thatcher dans les années 1980. Et souligne, en contrepoint, l’image de « libéral plus classique » de son challenger.

« François Fillon, d’une certaine manière, souhaite mettre en place un programme économique à la Ronald Reagan, avec des baisses d’impôts et de dépenses publiques », souligne Patrick Artus. « Mais ce n’est pas sûr que ça marche », ajoute l’économiste.

Plus pressé que son rival, François Fillon a promis des baisses d’impôts massives dès 2017, quitte à voir le déficit public s’envoler. Un point de divergence supplémentaire avec Alain Juppé, qui envisage une mise en œuvre plus progressive pour limiter le dérapage budgétaire.

« Chez Fillon, il y a la volonté de créer un +choc+ », résume Mathieu Plane. Un « choc » présenté comme salutaire par ses partisans, mais qui pourrait entraîner dans un premier temps, selon l’économiste, un « effet récessif » sur l’activité, en pénalisant le pouvoir d’achat des ménages.

AFP

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