L’Éthiopie et le Maroc ont signé samedi un accord de construction d’un important complexe de production d’engrais agricoles, un investissement de plus de 2 milliards d’euros sur cinq ans qui devrait permettre à l’Éthiopie de devenir autosuffisante dès 2025, a-t-on appris de source officielle.
L’annonce a été faite à la faveur d’une visite officielle du roi du Maroc Mohammed VI en Ethiopie, nouvelle étape d’une offensive tout à la fois économique – le royaume entend développer ses échanges Sud-Sud – et politique, Rabat ayant annoncé sa volonté de réintégrer l’Union africaine (UA) dont le siège se trouve à Addis Abeba.
Aux termes de l’accord signé samedi entre le gouvernement éthiopien et l’entreprise publique marocaine OCP SA, cette dernière devrait investir 2,4 milliards de dollars (2,25 milliards d’euros) entre 2017 et 2022 pour la construction du complexe dans la grande ville orientale de Dire Dawa, dans l’est de l’Ethiopie. « Il s’agit de notre plus important investissement en dehors du Maroc », a souligné Mostafa Terrab, président directeur exécutif d’OCP SA. « Notre objectif est de réduire la dépendance de l’Éthiopie envers l’importation d’engrais », a-t-il ajouté.
Les deux parties n’ont pas souhaité donner plus de précisions sur les modalités du projet, qui rappelle celui signé en 2014 entre le Maroc et le Gabon, d’un investissement de 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros). Toutefois, selon les perspectives de l’entreprise publique marocaine, l’Éthiopie pourrait, grâce à ce complexe, produire 80% de ses engrais en 2022 une fois la première phase terminée et être autosuffisante dès 2025.
Le secteur agricole est un pilier de l’économie éthiopienne: en progression de 7% par an depuis 10 ans, il représentait 42% du PIB en 2015, selon l’Agence de transformation agricole éthiopienne (ATA).
Au-delà de ce projet, le Maroc et l’Éthiopie ont également signé une dizaine de protocoles d’accord dans les domaines du commerce, de l’investissement, de la fiscalité, de l’agriculture, de l’eau et de l’irrigation. Aucune information n’a filtré en l’état sur la partie diplomatique des discussions entre le roi du Maroc et le gouvernement éthiopien mais ce nouveau déplacement de Mohamed VI sur le continent vient confirmer l’engagement fort du Maroc en Afrique, désormais au cœur de sa diplomatie.
Le roi enchaîne ces derniers mois les tournées diplomatiques sur le continent, non plus seulement dans sa traditionnelle zone d’influence ouest-africaine. Après des visites au Rwanda et en Tanzanie en octobre, Mohamed VI a organisé mercredi un sommet africain à Marrakech en marge de la COP22 et pourrait se rendre, après Addis Abeba, au 16e sommet de la francophonie les 26 et 27 novembre à Madagascar.
L’objectif affiché est de rallier le maximum de soutien sur la question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole contrôlée depuis 1975 par Rabat, et dont le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame l’indépendance.
Dans l’immédiat, il s’agit d’obtenir la réintégration du Maroc au sein de l’UA, organisation que Rabat avait quittée en 1984 pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Front Polisario.La réintégration du Maroc au sein de l’UA doit faire l’objet d’un vote des chefs d’Etat du continent. Le prochain sommet de l’UA est prévu fin janvier 2017 à Addis Abeba.
AFP