Le constructeur américain de voitures électriques Tesla et le producteur d’énergie solaire SolarCity ont obtenu le feu vert de leurs actionnaires respectifs à leur fusion à 2,6 milliards de dollars, éliminant le dernier gros obstacle à ce mariage controversé.
La finalisation de cette opération était suspendue à ce vote, dont l’issue était incertaine après que des actionnaires et des experts eurent émis des doutes sur le bien-fondé de ce rapprochement entre deux sociétés fondées et dirigées par le milliardaire américain d’origine sud-africaine Elon Musk.
Plus de 85% des actionnaires ont donné leur bénédiction au rapprochement, qui avait été annoncé en juin dernier mais s’était heurté au scepticisme de Wall Street. A l’époque, Tesla avait perdu plus de 3,4 milliards de dollars de valorisation boursière lors de la seule séance ayant suivi les premières informations sur l’opération.
« Je suis persuadé que votre foi (en l’opération) va être récompensée », a déclaré M. Musk à l’issue du vote lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée au siège de Tesla à Fremont (Californie) et diffusée sur le site internet du groupe. « Il va y avoir des choses importantes qui vont naître (de cette fusion) », a ajouté celui qui détient environ 21,1% de Tesla et 22,5% de SolarCity.
Pour dissiper les accusations de conflits d’intérêt, M. Musk et sa famille n’ont pas pris part au vote.
Les investisseurs semblaient finalement se résoudre à l’inéluctable puisque les actions des deux sociétés étaient dans le vert dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. Le titre Tesla gagnait 0,45% à 189,50 dollars vers 22H20 GMT et celui de SolarCity 1,47% à 20,70 dollars.
Cette fin heureuse est un soulagement pour M. Musk, qui cherche à diversifier l’offre de Tesla et a annoncé récemment un nouveau produit, des tuiles pour toits solaires.
Outre les apparents conflits d’intérêt et des problèmes de gouvernance éventuels — les deux groupes ont en commun des membres de leur conseil d’administration –, de nombreux investisseurs et experts estimaient qu’Elon Musk faisait assumer à Tesla le passif de SolarCity, qui a accusé des pertes lors des trois dernières années.
Le dirigeant a par exemple déjà souscrit individuellement à des émissions obligataires et s’est endetté personnellement pour ventiler des fonds entre les deux entreprises.
Autre crainte et pas des moindres: cette acquisition de SolarCity brouille la quête d’identité de Tesla puisqu’elle intervient au moment où la start-up californienne veut asseoir sa place de constructeur populaire avec la commercialisation prévue fin 2017 de la « Model 3 », sa première voiture produite en série et destinée au grand public.
Dans les jours menant au vote, Elon Musk a pris le soin d’expliquer que l’intégration de SolarCity allait améliorer de manière générale les comptes de Tesla.
Le producteur d’énergie solaire devrait contribuer à son chiffre d’affaires à hauteur de plus d’un milliard de dollars en 2017 et aider Tesla à améliorer sa rentabilité, avait affirmé le 1er novembre le dirigeant.
La fusion va également générer 150 millions de dollars d’économies dès la première année suivant son bouclage.
Tesla et SolarCity ont été créées respectivement en 2003 et en 2006 par M. Musk, ancien co-fondateur de Paypal et dirigeant de la société de lanceur de fusées SpacEx. Il est le président de leur conseil d’administration respectif.
Elon Musk a par ailleurs indiqué jeudi que la victoire de Donald Trump, climatosceptique assumé, à la présidentielle américaine n’allait pas impacter Tesla. A l’en croire ce serait même tout le contraire car, a-t-il argumenté, Tesla reçoit très peu de subventions publiques destinées aux voitures propres, contrairement à ses rivaux.
En conséquence, si les subventions sont supprimées, « nous ne pensons pas que ce soit une bonne chose pour le monde mais c’est une bonne chose pour Tesla », a-t-il déclaré, puisque ça limitera les ambitions « vertes » de la concurrence.