Le géant sud-coréen Samsung Electronics a annoncé lundi le rachat de l’équipementier américain Harman International Industries pour huit milliards de dollars afin d’entrer sur le marché en pleine expansion des technologies des véhicules connectés.
Cette acquisition, la plus importante de l’histoire du sud-coréen, lui fournit l’occasion de tenter de tourner la page du fiasco de Galaxy Note 7 aux batteries explosives, dont la production a dû être abandonnée.
Le conseil d’administration du premier fabricant mondial de smartphones a donné son feu vert à ce rachat réalisé entièrement au comptant, qui valorise l’action à 112 dollars, a dit Samsung dans un communiqué.
Harman, basé dans le Connecticut, fabrique des systèmes audio haut de gamme destinés entre autres à l’automobile.
Avec ce rachat, Samsung s’offre une « présence significative » sur le marché mondial des équipements automobiles connectés, y compris la télématique embarquée, ajoute le texte.
« Harman complète parfaitement Samsung en termes de technologies, de produits et de solutions et allier nos forces entre dans le droit fil de la stratégie automobile mise en œuvre de longue date » par le groupe sud-coréen, a déclaré son vice-président, Kwon Oh-Hyun.
« Harman offre immédiatement à Samsung une base solide pour développer sa plateforme automobile ».
Harman produit des systèmes audio et autres systèmes embarqués offrant une connexion à internet pour des constructeurs automobiles comme GM et Fiat Chrysler.
Samsung Electronics, navire amiral du conglomérat Samsung, produit une large gamme de produits électroniques, allant des smartphones à l’électroménager en passant par les semi-conducteurs.
Le sud-coréen espère achever l’opération d’ici le troisième trimestre 2017, après le feu vert des actionnaires de Harman et des régulateurs.
Face au ralentissement du marché extrêmement concurrentiel des smartphones, à quoi s’est ajoutée en septembre la débâcle des Note 7, Samsung est à la recherche de nouvelles pistes pour se développer.
Samsung, qui est en pleine transition générationnelle vers une prise de pouvoir de l’héritier présomptif Lee Jae-Yong, « cherche à combler ses lacunes en s’appuyant sur un nouveau moteur de croissance », a commenté Greg Roh, analyste chez HMC Investment Securities.
« On peut dire qu’il a fait un grand pas pour devenir compétitif dans le secteur de l’+info-tainment+ automobile ».
L’année dernière, le sud-coréen avait mis en place une équipe spécialisée dans l’électronique automobile et les composants pour voitures autonomes et celle-ci va travailler de près avec l’américain.
D’après le groupe sud-coréen, le marché des voitures connectées et intelligentes, y compris les véhicules sans chauffeur, va augmenter en moyenne de 13% chaque année pour atteindre 186,4 milliards de dollars en 2025.
Le sud-coréen s’était essayé à l’industrie automobile dans les années 1990 mais avait dû vendre Samsung Motors au français Renault en raison de la crise financière asiatique de 1997/1998.
Le « chaebol » cherche aussi à trouver dans le bio-médical un nouveau marché. Son unité pharmaceutique, Samsung Biologics, a levé la semaine dernière près d’1,8 milliard d’euros en entrant à la Bourse de Séoul.
Samsung avait été contraint début septembre d’ordonner le rappel planétaire de 2,5 millions de Galaxy Note 7 parce que plusieurs exemplaires avaient pris feu ou explosé.
Cette crise aurait pu être contenue si certains des terminaux distribués en remplacement des modèles défectueux n’avaient pas eux aussi commencé à s’enflammer, poussant Samsung à abandonner la production de ce qui devait être un produit phare.
L’appareil était censé concurrencer l’iPhone du grand rival américain Apple et cette affaire a été dévastatrice pour une entreprise habituée à être considérée comme le nec plus ultra de la technologie.
Source : AFP