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Pourquoi Samsung mise sur les biotechnologies

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Samsung Biologics, la branche santé du géant sud-coréen de l’électronique qui a levé 1,8 milliard d’euros lors de son introduction en Bourse jeudi à Séoul, veut devenir un leader mondial sur un marché prometteur mais plus complexe que les semi-conducteurs: la sous-traitance de médicaments issus des biotechnologies.

Qu’est-ce qu’un biomédicament?

Les médicaments issus des biotechnologies, ou « biomédicaments », sont fabriqués par culture cellulaire associée à des technologies génétiques: leur matière première provient du vivant, à l’inverse des médicaments issus de la chimie de synthèse.

Les substances actives des biomédicaments sont ainsi composées de molécules complexes, jusqu’à 1.000 fois plus grosses que les molécules d’origine chimique comme l’aspirine.

Depuis quelques dizaines d’années, les biomédicaments sont au coeur de l’innovation dans de nombreux domaines thérapeutiques, en particulier le cancer, les maladies infectieuses, les maladies auto-immunes ou cardiovasculaires.

Bien que coûteux et complexes à produire, leur part dans le marché pharmaceutique mondial ne cesse d’augmenter et devrait peser 278 milliards de dollars en 2020, soit 27% des ventes du secteur, contre près de 200 milliards de dollars en 2016, selon le cabinet d’études britannique EvaluatePharma.

L’accès aux biotechnologies devrait également se démocratiser davantage à l’avenir avec les biosimilaires, l’équivalent des génériques pour les biomédicaments. De plus en plus de groupes pharmaceutiques cherchent à se renforcer dans les biosimilaires, surtout depuis qu’ils ont été autorisés aux Etats-Unis en 2015.

Pourquoi sous-traiter la bioproduction?

Beaucoup d’entreprises pharmaceutiques ont recours à des sous-traitants pour produire des biomédicaments, qui nécessitent des sites spécifiques répondant à des normes de qualité et de sécurité extrêmement exigeantes.

Les jeunes biotechs n’ont généralement pas les moyens de produire leurs biomédicaments en interne, tandis que pour de grands laboratoires, recourir à de la sous-traitance moins chère permet de réduire leurs coûts fixes, « un objectif crucial de long terme » pour eux, selon le cabinet d’études britannique Visiongain.

« S’épargner d’investir dans des sites de production permet de libérer des ressources pour les affecter vers d’autres divisions, comme la recherche-développement et le marketing », ajoute Visiongain.

« Les biotechs et les laboratoires pharmaceutiques veulent maximiser l’emploi de leurs propres capacités de production: ils n’investissent pas dans de nouvelles capacités à moins d’être sûrs qu’elles seront utilisées en totalité », ajoute le consultant américain spécialisé HighTech Business Decisions.

La production en sous-traitance des principes actifs de biomédicaments reste toutefois un marché encore limité: les estimations pour 2015 oscillent entre 3 et 4 milliards de dollars au niveau mondial.

Mais le secteur est porteur: Visiongain comme HighTech Business Decisions lui prédisent une croissance annuelle de plus de 8% dans les 5-10 prochaines années.

Qui sont les principaux acteurs?

Quelque 80 acteurs sont présents sur ce marché spécifique, mais quelques-uns dominent, notamment le suisse Lonza et le laboratoire biopharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim, via sa filiale BioXcellence.

Ces deux groupes ont pour eux leur longue expérience dans le secteur et des sites de production à la fois en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, au plus près de leurs clients.

A l’instar de Boehringer Ingelheim, d’autres grands groupes biopharmaceutiques ont aussi des activités de sous-traitance, comme le suisse Novartis via sa filiale Sandoz, le britannique GSK et les américains Pfizer et AbbVie.

Cumuler les casquettes de laboratoire pharmaceutique et de sous-traitant est un atout précieux, car dans les biotechnologies « il y a beaucoup d’interactions entre le client et le fournisseur. Cela ne se résume pas à dire: +Produisez-moi une substance active, voici la recette+ », glisse à l’AFP un connaisseur du secteur sous couvert de l’anonymat.

Bien que nouveau venu, Samsung Biologics (fondé en 2011) s’est déjà fait un nom en signant avec des groupes biopharmaceutiques réputés, comme l’américain Bristol-Myers Squibb et le suisse Roche, des contrats de production ou de remplissage et finition de biomédicaments, autre segment de sous-traitance dans lequel il est présent.

Le groupe construit actuellement sa troisième usine en Corée du Sud, avec l’objectif de devenir d’ici fin 2018 le plus grand sous-traitant biopharmaceutique au monde en termes de capacités.

Il développe par ailleurs des biosimilaires via sa filiale Samsung Bioepis, partenaire des américains Biogen et Merck and Co. Sur ce terrain il a notamment un concurrent local: Celltrion, groupe sud-coréen allié au géant pharmaceutique américain Pfizer.

Source : AFP

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