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Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA à Algérie-Eco : « Les lois existent dans le secteur du bâtiment, mais l´application reste très limitée »

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Le président du collège national des experts architectes, Abdelhamid Boudaoud réagit dans cet entretien, sur la dernière décision du ministère de l’Habitat concernant les promoteurs immobiliers. Malgré que M. Boudaoud considère cette décision un peu tardive, mais il estime qu’il faut réguler cette activité qui s’adonne actuellement à l’anarchie.

Algerie-Eco : Le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville a décidé de procéder au retrait de l’agrément des promoteurs immobiliers non inscrits au tableau national des promoteurs immobiliers avant le 2 novembre prochain.  En tant que président du collège national des architectes, quelle réaction faite-vous à ce sujet ?

Mr Boudaoud : Je dirai tout simplement, mieux vaut tard que jamais. Cette loi 12-84 date de 2014, je ne comprends pas pourquoi attendre deux ans après pour son application. Comme je l’ai toujours signalé, le problème dans notre pays et dans tous les secteurs d’activité, ce n’est pas les lois, c’est leur application sur le terrain qui fait défaut. Le ministère de l’habitat vient donc de se réveiller pour tenter de réguler au mieux l’activité des promoteurs qui était cédée à l’anarchie. Il faut que les promoteurs et tous les acteurs économique et ceux du secteur de l’habitat, apprennent à connaitre leurs droits et obligations, et apprennent aussi à respecter et à appliquer les lois de la République car nul ne peut nier qu’il y a absence de professionnalisme dans tous les secteurs. On doit apprendre à respecter les lois et toute personne qui ne le fait pas, doit être bannie.

Connaissez-vous le nombre des promoteurs immobiliers qui ne sont pas inscrits au tableau national ?

Selon nos statistiques, il existe 6235 promoteurs immobiliers dont seulement 3348 qui sont inscrits, donc le reste ne figure pas sur le tableau. Les raisons sont multiples à commencer par le manque de professionnalisme, comme je l’ai souligné auparavant, mais aussi au manque de communication en vers les promoteurs, sachant que cette loi date de plus de deux ans, et je pense que certains ignore même son existence. Donc le ministère de l’habitat devrait faire des efforts dans ce sens. Aussi, il faut dire que certains promoteurs même s’ils sont inscrits au fond de garantie, ils fuient les impôts. Le ministère a donc raison de prendre de tels sanctions, afin d’éviter d’autres scénarios catastrophique de construction qui ne se fait pas dans les normes. A ma connaissance, les promoteurs immobiliers non inscrits ont été destinataires de mises en demeure pour régulariser leur situation avant le 2  novembre prochain, ou bien ces derniers verront leurs agréments retirés s’ils ne remplissent cette formalité.

Selon le ministère de l’habitat, il y a 26 promoteurs immobiliers qui exercent sans agrément, et ce dans 12 wilayas, dont les dossiers seront soumis à la justice. Qu’en pensez-vous ?

Les Algériens n´ont pas tiré les leçons des catastrophes dans le passé comme le séisme du 21 mai 2003 ou les inondations de Bab El Oued. Les gens se sont remis à construire anarchiquement dans sans respecter les normes et c’est dommage. Mais on se pose également la question, où est le contrôle ? Je considère aussi que tout un arsenal juridique existe dans le domaine de la construction, mais l´application des lois reste très limitée. Le CNEA a toujours insisté sur plus de rigueur en matière de délivrance de permis d´ouverture de chantier, en s´assurant de sa conformité aux normes.

Le CNEA insiste sur le fait qu´il faut donner le pouvoir aux architectes et aux ingénieurs, les associer dans la prise de décision en matière d´urbanisme. Les architectes ont le pouvoir technique mais pas celui de la décision. Il faut qu´il y ait un dialogue entre les responsables et les architectes. Et puis, il faut absolument impliquer le ´´maître d´usage´´, à savoir le citoyen.

Justement, que fait le CNEA pour sensibiliser les pouvoirs publics et même les promoteurs dans ce sens ?

Nous avons organisé des dizaines de journées d’études, de séminaires, et de tables ronde afin d’expliquer les lois qui existent dans le domaine de l’habitat, et de sensibiliser au mieux les professionnels. D’ailleurs nous comptons dans les prochains jours organiser des rencontres dans ce sens, et je peux assurer que le CNEA n’arrêtera pas ses activités et interventions dans ce sens.

Je dirai aussi qu’il est nécessaire que nos APC apprennent à sous-traiter avec les architectes, avec les bureaux d´études, comme cela se fait en France. L´État dépense des milliards de dollars dans les constructions, mais la petite administration des APC et autres OPGI évite de sous-traiter avec les bureaux d´études pour le suivi et le contrôle des travaux.

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