« Vous criez dans votre téléphone, vous nous l’envoyez et vous voyez si ça rapporte de l’argent »: TuneCore offre une plateforme de distribution mondiale permettant aux musiciens de se passer de maisons de disque et, peut-être, de gagner quelques deniers.
La diffusion en flux –streaming– a bouleversé l’industrie musicale à vitesse grand V mais pour beaucoup d’artistes en herbe, passer par un label semble encore être une étape obligée pour éclore.
C’est là qu’entre en scène TuneCore, site fondé en 2005 à New York et qui permet aux musiciens de distribuer directement leurs créations auprès de plateformes d’écoute ou de téléchargement comme Spotify, iTunes et autres.
Après l’Australie, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, l’Allemagne en avril et la France en octobre, le site compte poursuivre sa rapide expansion internationale dans le sillage de l’explosion de l’écoute à la demande. »Nous finirons par aller en Inde et en Chine », assure à l’AFP Scott Ackerman, patron de TuneCore.
Le site, dont le siège est situé dans le quartier trendyDumbo à Brooklyn, est sans détour: en échange d’un prix fixe annuel qui commence à 9,99 dollars pour un single, la plateforme le distribue à travers le monde entier aux sites commerciaux. Tous les revenus générés sont reversés à l’artiste.
Contrairement aux maisons de disques qui, elles, assurent entre autres la promotion de leurs artistes, TuneCore n’a pas de conditions pré-requises autres que des caractéristiques techniques basiques et des spécificités légales, comme le respect de la propriété intellectuelle.
« Nous mettons en ligne presque 100% de ce que nous recevons. Vous pouvez crier dans votre téléphone, nous l’envoyer et vous verrez si ça rapporte de l’argent », plaisante à peine M. Ackerman.
Selon la plateforme, ses utilisateurs ont gagné 733 millions de dollars depuis sa création grâce à 36,5 milliards d’écoutes en flux ou de téléchargements.Si des artistes en devenir sont sa cible principale, elle est aussi utilisée par des musiciens établis qui n’ont plus besoin du soutien complet des maisons de disques. C’est notamment le cas d’Aretha Franklin, Jay Z ou encore Moby.
Pour M. Ackerman, TuneCore ne fait pas vraiment de la concurrence aux labels qui investissent beaucoup dans des artistes prometteurs et réalisent des productions de haute qualité. »Nous ne jouons pas dans la même catégorie, nous sommes de petits joueurs », relève-t-il. « Notre activité ne consiste pas à dire à un artiste +Voici une avance de dix millions de dollars mais on va s’arroger tous vos droits+ ». »Il y aura toujours des artistes qui veulent ça, donc je pense que les maisons de disques sont tranquilles », poursuit-il.
La plateforme ne s’occupe pas non plus de commercialiser des albums sur supports « physiques » –ce qui reste par exemple le format privilégié dans les marchés allemand et japonais– mais peut aider à l’enregistrement de CD que les artistes peuvent ensuite vendre eux-mêmes, lors de concerts en particulier.
Les artistes non-Américains constituent d’ores et déjà environ 30% du catalogue mis à disposition par TuneCore, précise M. Ackerman, soulignant que des implantations locales sont cruciales pour offrir des services en différentes langues et monnaies.
La plateforme fournit également aux musiciens de sa clientèle des données détaillées au niveau international, ce qui leur permet de voir les pays où ils rencontrent le plus de succès et donc, où ils peuvent essayer de concentrer leurs efforts sur le terrain. »Nous avons eu des artistes américains avec des fans en Afrique et, par conséquent, ils savent qu’ils doivent aller en Afrique. Ou des artistes français qui vont sur TuneCore et leur musique est jouée au Japon et au Vietnam », indique M. Ackerman. « Ils découvrent que ce n’est pas toujours votre ville natale qui vous soutient ».
Source : AFP