Le groupe japonais Fujitsu a officialisé jeudi un projet de partenariat avec le chinois Lenovo pour son activité de PC en souffrance, tablant sur la puissance du numéro un mondial qui a déjà absorbé les ordinateurs IBM en 2005 et contrôle ceux de NEC depuis 2011.
« Nous allons étudier ensemble diverses possibilités dans le but de faire croître cette activité » placée il y a quelques mois dans une entité à part, a écrit Fujitsu dans un communiqué, simultanément à l’annonce de ses résultats semestriels.
« Concrètement, nous visons un partenariat qui allie les capacités de Fujitsu en matière de ventes, support technique, développement et production avec le modèle opérationnel gagnant de Lenovo », ajoute le groupe.
La Banque de développement du Japon est partie prenante aux discussions afin d’apporter un éventuel soutien financier et stratégique.
« Lenovo, déjà leader du secteur, espère de la sorte faire davantage prospérer son coeur de métier », explique le groupe japonais qui avait indiqué il y a quelques semaines étudier diverses voies de restructuration pour ses PC, dont une possible alliance avec Lenovo alors évoquée par la presse.
« Fujitsu est peut-être attiré par le schéma réussi mis en place par Lenovo pour les PC NEC au Japon, avec des emplois préservés dans l’usine nippone », soulignait récemment le groupe Nikkei.
Il est connu depuis longtemps que Fujitsu cherche une solution pour son activité PC, qu’il a du mal à rentabiliser dans un environnement où l’attrait des ordinateurs pour le grand public a été affaibli par les capacités pas si éloignées des smartphones et surtout des tablettes.
Fujitsu a essayé de s’associer avec Vaio (ex-division des PC de Sony qui a jeté l’éponge) puis avec Toshiba, également en mauvaise posture, mais les discussions n’ont pas abouti, d’où la solution potentielle Lenovo qui pourrait en théorie étudier à terme, par souci d’économies, un rapprochement des PC NEC et Fujitsu au sein d’une même entreprise conjointe.
Le marché du PC traverse une grave crise depuis maintenant plusieurs années et le nombre d’unités vendues ne cesse de reculer. Les foyers des pays riches ne les renouvellent pas ou moins souvent, puisque les smartphones les remplacent en partie, et les particuliers des pays émergents ne s’équipent pas beaucoup.
Lenovo n’a conservé sa couronne que de justesse au troisième trimestre 2016, avec 20,9% de part de marché contre 20,4% pour l’américain HP selon l’institut Gartner, et un écart encore plus faible de seulement 0,1 point, selon IDC.
Après ce potentiel partenariat Fujitsu-Lenovo, resterait le cas Toshiba, qui a cherché à se défaire de ses ordinateurs l’an passé, en vain, et qui risque de se retrouver plus isolé encore, même s’il conserve 12% de parts de marché au Japon et a décidé de concentrer son offre sur les modèles pour professionnels.
Fujitsu a parallèlement annoncé sa sortie du rouge au terme de la première moitié de l’exercice 2016/17 (avril-septembre), avec un bénéfice net de 11,86 milliards de yens (104 millions d’euros) et un gain d’exploitation de 25,9 milliards, pour un chiffre d’affaires pourtant en repli de 7% sur un an à 2.085,1 milliards de yens.
Le groupe a déploré des effets de changes négatifs, mais s’est félicité d’une bonne tenue des activités de services informatiques pour les clients professionnels au Japon.
Le recul des ventes est aussi en partie dû à la cession de la division déficitaire des circuits intégrés à grande échelle (LSI).
L’action Fujitsu s’est envolée de 7,82% à la clôture de la Bourse de Tokyo, après cette officialisation de discussions avancées avec Lenovo et la confirmation des prévisions annuelles de bénéfices.
La firme espère toujours un gain net de 85 milliards de yens et un bénéfice opérationnel de 120 milliards, malgré un chiffre d’affaires désormais attendu en repli de 5% sur un an à 4.500 milliards (100 milliards de moins qu’envisagé précédemment)
Source : AFP