La question de la suppression de la retraite anticipée est toujours en examen au sein du FCE, mais cette puissante organisation patronale n’hésite pas à annoncer la couleur : non aux lubies des syndicalistes. C’est la seule solution dont dispose le Gouvernement pour sauver la CNR, selon l’organisation dirigée par Ali Haddad.
En effet, alors que l’intersyndicale qui réunit plusieurs organisations autonomes rejette ce projet catégoriquement, le FCE considère qu’il constitue « l’unique voie » pour sortir la Caisse Nationale des Retraite de l’impasse dans laquelle elle se débat.
« La question de la suppression de la retraite anticipée est très claire. Dans la situation actuelle, les capacités financières de l’Etat ne permettent pas de prendre en charge le déficit criant qu’enregistre la CNR. De plus, une grande partie du salariat n’est pas déclaré pour diverses raisons ».
De ce fait, pour élargir l’assiette des cotisations à la Caisse Nationale des Retraités, le Gouvernement n’a pas d’autre solution que de supprimer la retraite proportionnelle sans conditions d’âge. « En préconisant une telle démarche, le Gouvernement n’invente rien. Il ne fait que s’adapter à l’universalité puisque plusieurs pays s’inscrivent dans la même optique », nous a déclaré un responsable du FCE.
L’expert financier Ferhat Ait Ali relève que « c’est le Trésor public qui entretient en même temps et la caisse par subventions et une bonne partie des fameux salaires qui cotisent » note-t-il. « Si le Gouvernement supprimait la retraite anticipée, cela soulagera un peu la CNR en terme de pensions et prestations versées aux pensionnés, en réduisant leur nombre à venir, et en augmentant leurs cotisations, du fait d’un nombre plus important de cotisants maintenus dans ce statut. Ce qui l’obligera à payer 6 salaires pour éviter une pension à sa charge », explique notre interlocuteur.
Selon notre source, le FCE considère que la réforme du système des retraites ne répond pas uniquement à l’impératif du rééquilibrage financier de la CNR mais aussi à celui du retour sur investissement. « La collectivité nationale a droit à un retour sur investissement. L’Algérie dépense des milliards pour former les gens et dès qu’ils atteignent un niveau de rentabilité appréciable, ils partent à la retraite. Le retour sur investissement doit être de mise », nous a indiqué le responsable du FCE qui estime que « l’effort de redressement de la situation économique et financière du pays, notamment la CNR, doit être supporté par tous les Algériens, particulièrement les plus aisés ».
A travers ces déclarations, le FCE signe à la fois sa solidarité avec le Gouvernement qui tente tant bien que mal de mettre un peu de « rationalité » dans sa démarche et, notamment dans sa politique économique, mais aussi son rejet des revendications des syndicats qui ne sont pas , pour reprendre l’expression de Ferhat Ait Ali, « une force de proposition mais juste des voix populistes qui doivent se faire une base même sur la surenchère et l’irrationalité, quelle que soit leur obédience. »