L’opération de l’emprunt obligataire a pris fin aujourd’hui 17 octobre. Tous ceux qui portent un intérêt pour la chose économique doivent se demander quel est le montant collecté au terme de cette opération qui a fait couler beaucoup d’encre tant les spéculations et supputations l’entouraient.
Les obligations matérialisant l’emprunt ont été émises sous deux formes de maturité de 3 ans et 5 ans, et en coupures de 50 000 DA chacune. Sous forme nominative ou au porteur, au choix du souscripteur. D’autres obligations de 10 000 et 1 million de Da ont été également proposées.
Au terme des six mois, qu’a pris l’opération financière publique, on s’attend à ce que le pécule épargné soit révélé logiquement par le premier ministre Abdelmalek Sellal, puisque, c’est lui qui a donné le dernier chiffre en juillet dernier de 461,72 milliards DA sur un ton triomphal alors que c’est un secret de polichinelle que ce montant est loin du compte. En tous cas, loin de capter les fonds informels qui circulent hors circuit bancaire et qui sont évalués à 40 milliards de dollars et pour lesquels, l’emprunt a été tacitement lancé.
« Lorsque nous avions sollicité, avait déclaré Sellal, l’aide de nos concitoyens à travers l’emprunt obligataire, nous nous sommes fixés un seuil de 400 milliards de dinars, mais nous avons atteint le montant de 461,72 milliards DA ».
Le lancement de l’emprunt national de croissance économique, (ENCE), tel qu’il a été baptisé a eu des moments néfastes et d’autres fastes notamment avec l’intervention soutenue du FCE avec des engagements de souscriptions de l’ordre de 152 milliards de DA.
Il faut croire que tout le monde prédisait que l’opération et ce dès le départ, serait vouée à l’échec. Lancée en grande pompe par l’ancien ministre des finances Abderrahmane Benkhalfa, le coup d’envoi s’est déroulé de façon quasi-improvisée, puisque la communication a été faite à travers un banal spot publicitaire, quelques affiches collées au sein des bâtisses bancaires et agences postales, un site électronique qui manque d’attrait et à travers un laïus pas très convaincant pour mobiliser les potentiels souscripteurs.
Le ministre n’a pas eu le temps d’apprécier les résultats de « son œuvre » puisqu’il a été limogé. En outre, l’emprunt obligataire auquel beaucoup d’espoirs ont été nourris, a été heurté à la suspicion des citoyens quand à la destination réelle de l’épargne récoltée et pour les projets auxquels, elle serait allouée. Le temps donnera raison aux sceptiques.
Alors que les pouvoirs publics clamaient haut et fort que « l’emprunt obligataire de l’Etat, sera exclusivement dédié à l’investissement économique. L’objectif de cet emprunt est de mobiliser les fonds nécessaires au financement de projets porteurs de croissance et de développement économique et social »disait-on, en ajoutant que « la souscription à cet emprunt constitue un acte d’investissement économique rentable et utile, bénéficiant de la garantie de remboursement de l’Etat ». Coup de théâtre, on apprend finalement que l’emprunt national avait contribué à financer le déficit du Trésor avec 317,62 mds de DA, soit une couverture à hauteur de 18%. Un camouflet qui jette le discrédit sur toute l’opération et de ses promoteurs.