Amazon est passé mercredi à la vitesse supérieure dans la musique en ligne, avec un nouveau service proposant un catalogue beaucoup plus fourni et venant désormais concurrencer directement les Spotify, Deezer ou autre Apple Music.
Le géant américain de la distribution en ligne donnait déjà accès à 2 millions de titres pour les abonnés de son service Prime, qui marie livraisons gratuites pour les commandes dans ses boutiques en ligne et divers contenus numériques, notamment de la vidéo en streaming.
Son nouveau service, baptisé Amazon Music Unlimited, propose désormais aux Américains « un catalogue de dizaines de millions de chansons et de milliers de playlists et de stations personnalisées sélectionnées avec soin », selon un communiqué.
Prix officiel du service: 9,99 dollars par mois, un montant similaire à ceux réclamés pour Spotify Premium (l’offre sans publicité du leader suédois du secteur), Apple Music et Google Play.
A l’instar de nombreux acteurs des nouvelles technologies, Amazon tente toutefois de convaincre les clients d’embrasser tout son écosystème, et selon son habitude, il n’hésite pas pour cela à se lancer dans la guerre des prix. Le prix du nouveau service musical est ramené à 7,99 dollars par mois ou 79 dollars par an pour les abonnés à Prime. Et il tombe même à 3,99 dollars par mois pour les propriétaires des enceintes Echo, qui intègrent un assistant virtuel à commandes vocales et intelligence artificielle (Alexa) et sont conçues et distribuées par Amazon.
« Si vous voulez avoir une idée de l’avenir de la musique contrôlée par la voix, demandez à Alexa », commente le patron-fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, cité dans le communiqué. « Si vous ne savez pas le titre d’une chanson, mais connaissez quelques paroles, si vous voulez écouter des titres d’une certaine décennie, ou même si vous cherchez de la musique correspondant à votre humeur, il suffit de demander. »
Après les États-Unis, Amazon Music Unlimited devrait également être disponible en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Autriche d’ici la fin de l’année.
– Catalyseur –
Dan Rayburn, un analyste de Frost & Sullivan qui suit les médias en streaming, salue « une jolie articulation avec Amazon Echo, quelque chose que les autres services n’ont pas ». Il rappelle toutefois que la musique en streaming est « un marché difficile, où personne ne gagne d’argent ». Spotify a beau être présent sur 59 marchés dans le monde, il n’a toujours pas enregistré d’année de bénéfice, dépensant la majorité de son chiffre d’affaires pour rémunérer les ayants-droits. Le mois dernier, les médias affirmaient que Tidal, le site de streaming du rappeur américain Jay-Z, accusait lui aussi de lourdes pertes. « C’est très difficile de gagner de l’argent quand on est un service indépendant comme Spotify », relève Dan Rayburn. A l’inverse, « Amazon n’a pas besoin de gagner d’argent là dessus, (…) ils l’utilisent comme un catalyseur pour vendre davantage d’autres choses ».
Malgré sa faible rentabilité, la croissance de l’écoute de musique en streaming suscite beaucoup de convoitises.
On comptait 18,3 millions d’abonnés à des services payants de streaming aux États-Unis à la fin juin, soit le double des 9,1 millions enregistrés au premier semestre 2015, selon l’association de l’industrie musicale RIAA. A l’échelle mondiale, Spotify a annoncé le mois dernier qu’il comptait désormais 40 millions d’abonnés payants. Apple Music en revendiquait 17 millions en septembre. « Même si le streaming croît vite, nous ne sommes pas encore à 100 millions d’abonnés (payants) à l’échelle mondiale et sur la plupart des marchés, la pénétration est de moins de 10% », nuance Mark Mulligan, un expert du secteur des médias et des technologies, sur son blog Music Industry.
Il souligne en outre que l’adoption des services payants reste surtout entraînée par ceux qu’il appelle les « aficionados de musique », les consommateurs qui consacrent davantage de temps et d’argent que la moyenne pour la musique. « La prochaine opportunité, c’est la partie la plus engagée du grand public. C’est là où Amazon est le meilleur », ajoute l’analyste, rappelant que « avec 60 millions d’abonnés à Prime, il a une plus grande base d’utilisateurs potentiels que Spotify, et que ses 300 millions de références de cartes de crédit liées à des comptes clients dépassent la plupart (des autres acteurs) mais reste bien derrière les 800 millions d’Apple ».
Source: AFP