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Karim Ouamane, Directeur-Général de l’AND : « La gestion des déchets implique la participation de tous… »

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Karim Ouamane est directeur-général de l’Agence nationale des déchets (AND), une entité placée sous tutelle du ministère des Ressources en eau et de l’environnement (MREE), qui a été créée en 2002. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier, en marge du déroulement de la première édition du Salon REVADE « sur la récupération et la valorisation des déchets industriels », dont l’AND est co-organisatrice avec la CACI (Chambre algérienne du commerce et de l’industrie), il nous a parlé des missions de celle-ci mais, surtout, du « nouveau concept de gestion des déchets » qui sous-tend la démarche des pouvoirs publics dans le domaine. Et qui présuppose pour sa concrétisation, nous a-t-il déclaré, « l’implication de tous les acteurs intervenant dans cette gestion ». En clair, du simple citoyen aux démembrements locaux (APC, daïra et wilaya) de l’Administration en passant par les organismes socialisés et les opérateurs économiques.

Algérie-eco : L’AND est co-organisatrice avec la CACI de cette 1ère édition du Salon REVADE. Quels sont les objectifs que vous avez assignés à cette rencontre ?

Karim Ouamane (DG de l’AND) : L’objectif essentiel assigné à cette  première édition du REVADE est double. Nous visons, d’un côté, à la promotion des métiers liés au recyclage des déchets ; d’une manière générale. Et, de l’autre, à celle du nouveau concept de gestion intégrée des déchets initié par les pouvoirs publics. Un concept qui a la particularité de faire passer cette gestion d’une vision exclusivement environnementale à une autre, qualitativement supérieure, où l’aspect économique est prédominant : les déchets étant dorénavant considérés comme une matière première à valoriser. Et qui s’articule autour de trois axes essentiels : le tri à la source, l’implication dans la gestion des déchets de tous les acteurs y intervenant, et le développement des métiers qui lui sont liés. Pour rappel, dans l’ancienne approche des pouvoirs publics en la matière, l’accent était mis sur une série d’axes qui avaient pour finalité une meilleure collecte et un enfouissement plus efficient des déchets. Toutes les préoccupations des autorités portaient, en effet, sur l’éradication des décharges sauvages, la réhabilitation des sites où elles sont implantés, la réalisation de CET (Centre d’enfouissement technique), l’introduction « à petit feu » du tri à la source, et l’introduction d’outils de planification visant à une meilleure gestion de la collecte (des déchets). Ceci dit, le Salon REVADE a un autre objectif, non moins important. C’est celui de la mise en relation des acteurs liés à la gestion des déchets. Ces derniers gagneraient, en effet, à mieux se connaître et à échanger entre eux des idées et leurs expériences respectives.

Quel est le rôle qui a été assigné à l’AND dans la concrétisation du nouveau concept de gestion des déchets?

L’AND qui est sous tutelle du ministère des Ressources en eau et de l’Environnement (MREE), sera l’agent d’exécution de la politique qui en découlera. Comme je l’ai précisé plus haut, un des axes autour duquel s’articulera ce nouveau concept est l’implication de tous les acteurs…

Concernant ce point précis, l’AND a-t-elle les moyens de « pression » réglementaires pour les contraindre à cela ?

Ils seront obligés de s’aligner. Le MREE a, d’ailleurs, engagé des procédures de contrôle et d’audit auprès de toutes les entreprises à l’effet de mieux connaître, d’un côté, la quantité et la qualité des déchets qu’elles génèrent et, de l’autre, leur destination. Tout le monde doit déclarer ce qu’il « produit » comme déchets : leur nature, leur quantité et leur destination finale. On ne peut pas demander aux opérateurs économiques de s’impliquer dans la gestion des déchets si on ne dispose pas d’informations fiables sur ces déchets…

… Mais le ministre a donné, à l’ouverture du Salon, des chiffres estimant la valeur des déchets industriels générés à quelque 4 milliards de DA…

C’était pour les déchets industriels. Le calcul a été fait sur la base d’un certain nombre d’indicateurs que nous utilisons. Il a également donné un autre chiffre autrement plus parlant. M. Ouali a déclaré que l’Algérie perd annuellement quelque 38 milliards de DA du fait du non recyclage d’un grand nombre de déchets ménagers qui sont dirigés vers les CET.

Vous avez parlé du tri à la base. D’une manière générale, rien n’est fait pour sensibiliser et inciter le citoyen à le faire.

Je le répète, tout le monde doit s’impliquer. Si un maillon venait à manquer, la Chaîne de gestion intégrée des déchets ne pourra pas fonctionner. Si le camion de la collecte venait à ne pas venir pour prendre les déchets triés, la chaîne serait rompue. Si le centre de traitement de ces déchets venait à manquer, se serait le même résultat. S’il y a absence d’opérateur pour la valorisation de ce qui a été trié, le résultat serait identique…

A-t-on établi une nomenclature des métiers liés à la gestion des déchets ?

Il est utile de faire la part des choses. Le tri est un métier, le recyclage en est un autre. Mais avec la revalorisation des déchets, nous sommes dans un processus industriel. L’opérateur qui s’y implique n’est pas tenu de connaître les étapes en amont. Pour lui les déchets qu’il utilise constitue de la matière première qui remplace celle dite vierge qu’il avait l’habitude d’employer. Et qu’il importait peut-être.

Quels sont les types de déchets existants les plus à même d’être revalorisés?

Les plus visibles sont les emballages, en carton et en plastique. Mais il en existe d’autres tels les batteries, les huiles et les produits ferreux.

Quels gains peut tirer l’économie nationale de la récupération et de la revalorisation des déchets industriels ?

L’Etat intervient au niveau macro-économique. Donc pas directement dans les différentes étapes du processus de récupération et de revalorisation des déchets. Sauf que les gains pour le pays peuvent être situés à trois niveaux : environnemental : le processus en question évite l’extraction de matières premières de la nature et, partant, permet une préservation de l’environnement ; économique, avec la création de richesses et, dans certains cas, la réduction du recours à l’importation pour acquérir les matières premières dont ont besoin certaines entreprises industrielles ; et social, par la création d’emplois.

Entretien réalisé par Mourad Bendris

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