AccueilActualitéInternationalAmnistie fiscale en Indonésie: grosses recettes et colère contre les super-riches

Amnistie fiscale en Indonésie: grosses recettes et colère contre les super-riches

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Une amnistie fiscale en Indonésie a permis de récolter en quelques mois des recettes de près de sept milliards d’euros à la grande satisfaction du gouvernement, mais des critiques dénoncent le traitement VIP réservé aux super-riches qui passent pour des héros.

Peu après l’adoption de cette loi fin juin, les autorités de la première économie d’Asie du Sud-Est ont vanté la mesure et encouragé les mauvais payeurs à déclarer leur fortune cachée en payant des pénalités à des taux nettement inférieurs aux taux d’imposition ordinaires.

Le président Joko Widodo, au pouvoir depuis deux ans, cherche désespérément à relancer la croissance qui s’essouffle, d’autant plus que le pays a cruellement besoin de fonds pour financer ses projets d’infrastructures et de développement.

Le gouvernement espère ainsi que cette loi d’amnistie fiscale — la troisième depuis l’indépendance de l’archipel en 1945 — va permettre de récupérer des dizaines de milliards d’euros dissimulés à l’étranger, en particulier à Singapour, pays voisin et paradis fiscal.

La première des trois phases de la loi — avec des pénalités à des taux compris entre 2% et 4% des fonds déclarés — s’est achevée la semaine dernière avec des résultats meilleurs qu’escomptés, de nombreux riches contribuables s’étant manifestés à la dernière minute.

Plus de 350.000 personnes ont déclaré des fonds atteignant au total 3.620 milliards de roupies (249 milliards d’euros), qui ont rapporté à l’Etat 97,2 milliards de roupies (6,7 milliards d’euros) en recettes fiscales, selon le ministère des Finances.

Des analystes ont salué cette mesure d’amnistie dont la dernière phase s’achèvera en mars 2017, mais l’initiative a été critiquée par des ONG et des particuliers furieux de voir des super-riches venir déclarer de fortes sommes d’argent sans être obligés de préciser d’où venaient les fonds.

Parmi eux figuraient Tommy Suharto, fils multimillionnaire du dictateur Suharto décédé en 2008, et le patron du conglomérat Lippo Group, James Riady, l’un des hommes les plus riches du pays.

Confronté au manque d’enthousiasme des mauvais payeurs au début de l’opération, le gouvernement a encouragé les grands patrons à y participer — un appel entendu par les super-riches qui se sont précipités dans les centres des impôts où des allées VIP leur étaient réservés.

Un tel traitement revient à faire de ces fortunés des héros, alors qu’ils ne font que payer leurs impôts, a déploré un militant de l’ONG Indonesia Corruption Watch, Firdaus Ilyas.

« L’image qui en ressort, c’est que les gens qui participent à l’amnistie fiscale sont des héros contribuant au développement de la nation. Mais nous savons que s’ils y participent, cela veut dire qu’ils ne payaient pas d’impôts », a déclaré M. Ilyas à l’AFP.

Le traitement avec égard des super-riches qui ne font que payer leurs impôts à un taux en-deçà du barème normal a également irrité des Indonésiens figurant parmi le petit nombre de contribuables s’acquittant régulièrement de leurs impôts.

Les taux d’imposition pour les particuliers oscillent entre 5% et 30%, tandis que celui de l’impôt sur les sociétés est de 25%. Des taux bien supérieurs à ceux appliqués pour les pénalités fiscales en question.

« Seuls les puissants profitent de l’amnistie fiscale, c’est injuste, moi je paye toujours mes impôts », a déploré Johni Yusuf, un commerçant d’une trentaine d’années.

Des membres d’ONG ont saisi la Cour constitutionnelle pour contester cette loi, tandis que des milliers de personnes ont manifesté la semaine dernière à Jakarta, observant que les fonds déclarés pourraient provenir d’activités illégales et liées à la corruption.

De nombreux analystes estiment en revanche que l’initiative du gouvernement a davantage de côtés positifs que négatifs, dans un pays de 255 millions d’habitants comptant seulement 30 millions de contribuables.

« Il faut voir ça avec une vue d’ensemble et tenir compte du fait qu’à la fin, il y plus d’argent pris à l’économie souterraine pour le mettre dans l’économie réelle » conclut l’analyste indépendant Paul Rowland.

Source : AFP

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