La réduction des subventions et leur ciblage afin qu’elles puissent revenir à ceux qui ont en ont réellement besoin a été au cœur des débats du deuxième workshop initié par le FCE durant son université. Vu l’importance de cette question dans le contexte d’austérité budgétaire que traverse le pays, l’impératif de la rationalité des dépenses passe par une meilleure et juste répartition de la rente qui doit d’un côté soutenir l’investissement et d’un autre, préserver le pouvoir d’achat afin de maintenir les équilibres socio-économiques.
Cet exercice périlleux auquel est confronté le gouvernement ne peut se soustraire à quelques sacrifices qui doivent néanmoins se faire en ménageant les couches les plus démunies mais également en poursuivant le soutien aux activités professionnelles vulnérables et les petites entreprises qui nécessitent des aides de l’Etat pour survivre.
Dans le document sanctionnant les travaux de l’Université d’été du FCE, il est indiqué que « les subventions représentent 30% du PIB. En raison de la crise, le budget de l’Etat ne peut plus les couvrir. Il est donc impératif de revoir le système des subventions sans pour autant remettre en cause le principe de solidarité ».
Le patronat estime que « Le FCE a proposé en 2015 dans sa contribution pour l’émergence de l’économie nationale des solutions pour que les subventions ne ciblent que les populations nécessiteuses. Le recensement de cette catégorie sociale pourrait être dévolu à l’administration locale mais celle-ci en tout état de cause n’est pas en mesure de s’occuper de cet aspect ».
En effet, la problématique des données statistiques est récurrente et aucune stratégie ne peut être établie dans ce sens sans des données réelles. Les chefs d’entreprises sont arrivés à une conclusion assez inquiétante sur la question des subventions d’où l’intérêt d’une réflexion approfondie sur le sujet. « bien qu’aucune étude n’ait été effectuée pour mesurer l’impact réel de la politique actuelle des subventions, le débat a permis de recueillir les éléments suivants « en plus du poids des subventions sur le budget, il a été constaté que les prix administrés ont exacerbé le phénomène de gaspillage de certains produits de consommation comme le pain, l’eau, le lait, etc ». Et de poursuivre « les subventions directes sur le lait représentent une menace pour les producteurs qui n’arrivent pas à écouler leur production. Le problème de rentabilité se pose avec acuité pour la filière lait ». En outre les participants au workshop ont décelé « une contradiction dans le discours officiel concernant la contrebande qui concerne essentiellement les produits subventionnés ».
Sur le chapitre de l’Habitat, il est souligné que « les subventions indirectes sur le logement nuisent aux entreprises de promotion immobilière. L’Etat qui distribue des logements à travers différentes formules (LPP, LSP, socio-locatifs etc.) verse, malgré lui, dans la concurrence déloyale ».
Le secteur privé tributaire de la commande publique
L’atelier a comme même eu le mérite de clarifier la situation et de battre en brèche certaines idées reçues à savoir que « selon la doxa économique, les subventions ne concernent que les ménages alors que tout l’édifice économique et entrepreneurial repose sur elles. Le business model de la plupart des entreprises est basé sur la commande publique qui représente des subventions implicites. Or, on ne peut avoir en même temps une commande publique forte, un paiement cash et des subventions ciblées ».
Il a été admis que « les entreprises bénéficient également de subventions implicites à travers les exonérations fiscales », et partant « la suppression des subventions aura un impact sur le pouvoir d’achat et donc sur les ventes des entreprises ».Un dilemme auquel, les entreprises devront faire face en innovant. Parmi, les solutions préconisées par le FCE, il est question de « recenser les catégories sociales à cibler. Cette mission pourrait échoir aux autorités locales mais aussi au mouvement associatif, mettre à niveau l’administration pour une gestion rationnelle des transferts sociaux. Les entreprises peuvent être associées au recensement des employés en difficultés ».
Le conglomérat des patrons prône d’appliquer « la vérité des prix, de lutter contre le gaspillage notamment du pain, de l’eau et du lait ; Revoir le modèle de consommation des algériens ; Augmenter les allocations familiales » En outre, il est recommandé de « cibler les bénéficiaires des subventions en fonction des revenus ; mettre en place un système d’information ; s’inspirer des expériences internationales et enfin de changement de business model pour les entreprises ».
Pour ce faire, le FCE estime que « bien qu’il y ait une réelle prise de conscience sur la nécessité de revoir le système des subventions, il est important de ne pas entreprendre des réformes qui remettent en cause la cohésion sociale ; construire un consensus social autour de la question des subventions ; Intensifier l’effort d’analyse et de communication ; Faire préalablement à une réforme du système des subventions, des études poussées sur l’impact sur le budget, les ménages et les entreprises pour avoir des données statistiques ; Préserver le pouvoir d’achat des ménages ; Sortir de la vision émotionnelle ; Les entreprises doivent repenser leur business model ». Voilà qui remet en cause les bases et les fondations vacillantes sur lesquelles est bâtie l’économie nationale, d’où les profondes réformes réclamées pour passer d’une économie de rente à une économie de production néanmoins solidaire et créatrice de richesse.