Le président de la Chambre de commerce et d’industrie « Chenoua » de la wilaya de Tipasa Maâmar Serandi est catégorique quand à la meilleure voie pour dynamiser les institutions du genre à travers le pays « Il faut rendre l’adhésion aux chambres de commerce et d’industrie obligatoire pour tout détenteur d’un registre de commerce », nous a déclaré, au cours d’un entretien.
Il nous a confié que « les Allemands le font déjà et ils ne s’en plaignent pas». Notre interlocuteur est convaincu qu’une telle mesure, si elle venait à être prise, « permettrait aux chambres de commerce et d’industrie de régler bon nombre de problèmes auxquels elles sont confrontées et qui entravent sérieusement tout développement durable de leurs activités ».
Une indifférence manifeste et incompréhensible
Pour ce qui est de la wilaya de Tipasa, « le plus important de ces problèmes, a-t-il déploré, est l’indifférence aussi manifeste qu’incompréhensible des opérateurs économiques et des commerçants à l’égard de la chambre de commerce et d’industrie comme le révèle l’extrême faiblesse du taux d’adhésion actuel à la CCI Chenoua ». Ainsi, sur les quelque 20 000 détenteurs de registres de commerce exerçant effectivement une activité , un peu plus de 10 000 autres personnes en sont détentrices mais sans exercer une quelconque activité, 3% d’entre eux seulement adhèrent à la CCI Chenoua alors qu’il existe de nombreux avantages, d’accompagnement, de soutien et de formation dont ils peuvent en bénéficier de leur adhésion ».
En outre, a-t-il estimé, « la cotisation annuelle, exigée de tout adhérent est insignifiante, elle varie entre 1000 DA, qui est la plus répandue, à 6000 DA ».En ajoutant qu’ « une adhésion en nombre des détenteurs de registres de commerce donnera à celle-ci une aisance financière qui lui permettra de faire des miracles. En termes d’activités organisées en faveur de ses membres. Tout en dispensant, le ministère de tutelle du versement de la subvention annuelle de l’ordre de deux millions de DA ».
Faisant un rapide calcul sur la base d’une cotisation moyenne annuelle de 3500 DA, Mr Serandi nous a déclaré que « si les 20 000 détenteurs de registre de commerce venaient à y adhérer, la CCI Chenoua engrangera annuellement la coquette somme de 7 milliards de centimes.
Une somme largement suffisante, pour aller à des activités plus pointues telles, entre autres, la formation continue (pour ses membres), l’organisation de Journées d’études sur des thèmes plus variés ayant trait à leurs activités, et l’invitation d’experts renommés pour les animer. Mais également pour redonner plus de poids et de crédibilité à la CCI Chenoua».
Pour une participation de la CCI Chenoua à la gestion des zones d’activité
Un objectif auquel peut également contribuer, selon son président, un retour à une situation qui existait auparavant dans le pays ; à savoir, la participation des chambres de commerce et d’industrie à la gestion des zones d’activité.
« Etant proches des opérateurs, nous sommes les mieux à même de les orienter et de les accompagner dans la réalisation de leurs projets mais également les mieux à même de déceler les défaillants d’entre eux » a-t-il fait savoir. Non sans préciser que dans les deux cas, cela « contribuera à une gestion plus efficiente des zones d’activité de la wilaya». Et, partant, « au développement économique de celle-ci».
Ce faisant, a-t-il poursuivi, « notre chambre participera à la concrétisation de la nouvelle orientation des pouvoirs publics visant à faire des collectivités locales, un vecteur essentiel du développement général du pays ».
Plaidoyer pour de nouveaux statuts
Un autre problème semble entraver le bon fonctionnement des chambres de commerce et d’industrie et les empêchent de jouer pleinement leur rôle. Tout en se défendant qu’un tel problème existe au niveau de la CCI Chenoua, Maâmar Serandi a, néanmoins, plaidé pour de nouveaux statuts régissant le fonctionnement de ces entités classées comme EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial), qui délimiteraient plus nettement qu’elles ne le sont présentement, les prérogatives des membres élus et des fonctionnaires désignés par la tutelle, le ministère du Commerce.
Sans le dire expressément, notre interlocuteur a laissé entendre que « nombre de chambres du genre à travers le pays connaissent un sérieux problème dans leur fonctionnement du fait d’un chevauchement dans les prérogatives».
Au vu du caractère national de tous les problèmes soulevés, nous avons demandé au président de la CCI Chenoua si les chambres de commerce et d’industrie ont engagé une action commune auprès du ministère de tutelle pour obtenir leur résolution ou si elles ont sollicité la CACI (Chambre algérienne de commerce et d’industrie), en tant qu’entité nationale les coiffant, pour les aider à les résoudre.
La CACI égratignée
Maâmar Serandi en tant que membre du Conseil national de la CACI et, dans le même temps, président de la commission des BTPH (Bâtiment, Travaux publics et Hydraulique) au sein de cette structure, a préféré nous parler du sort qui a été réservé par la direction de la CACI au rapport, relatif à la problématique du secteur qu’elle coiffe, que sa commission lui a présenté l’année dernière. « Celui-ci, nous a-t-il dit, demeure toujours sans réponse ».
Plus explicite par la suite, il a ajouté que « les rapports des neuf autres commissions existantes avec la direction de la CACI ne sont pas aussi normaux qu’ils devraient l’être et que la CACI, quelque part, est un peu fermée ». En précisant que « les membres desdites commissions sont tous issus des chambres de commerce et d’industrie des 48 wilayas du pays ». Le président de la CCI Chenoua a clairement suggéré que « cette fermeture s’explique par la marginalisation dans laquelle la direction actuelle de la CACI tient, dans les faits, celles-ci ».
Une volonté d’aller de l’avant
Mr Serandi, veut rendre effectif le slogan qu’elle s’est choisi « la CIC Chenoua au service de l’opérateur économique ». Outre la poursuite de l’organisation de journées d’études sur des thèmes variés intéressant ses membres, celle-ci compte, en effet, poursuivre également ses actions à l’international.
Et ce, aussi bien dans le cadre de la CACI, par la participation aux différentes missions de prospection organisées à l’étranger que dans le cadre de ses activités propres « cette année, nous irons de nouveau en Turquie, à Izmir, pour discuter des opportunités de partenariat avec des entreprises turques du secteur des BTPH », nous a-t-il, révélé, en précisant que « la sortie de l’année dernière, toujours à Izmir, qui avait concerné le secteur du tissage et de la confection, a eu des suites positives ».
En révélant que « certaines entreprises ayant fait le voyage en Turquie sont toujours en contact avec des entreprises turques dans l’objectif d’aboutir à un accord de partenariat ». Dans le même créneau, celui des activités à l’international, notre interlocuteur nous a déclaré que « certaines ont abouti à la création effective d’entreprises avec des partenaires étrangers notamment italiens ».
Maâmar Serandi veut faire, selon ses dires de la CCI Chenoua une structure réellement au service des opérateurs économiques de la wilaya de Tipasa, au moins jusqu’à la fin de son présent mandat de quatre années qui prend fin en 2018.