Consultant international et membre du Comité international des experts de l’ONU, Gilles Bonafi a affirmé, lors du Colloque international sur la transition énergétique en Afrique organisé hier à l’hôtel Al Aurassi d’Alger, que « L’Algérie possède le potentiel pour devenir le premier producteur mondial d’électricité à base d’énergie solaire ».
Sauf que, a-t-il préconisé « elle doit, au plus vite, penser à exploiter le formidable potentiel solaire thermique de son Sahara ». Un potentiel qu’il estime «à 10 fois la consommation globale mondiale d’électricité». Et qui en fait, a ajouté Gilles Bonafi, « est l’un des plus grands gisements solaires au monde, avec une durée d’insolation comprise entre 1700 et 3900 heures (donnant) une énergie moyenne reçue quotidiennement de 5 kWh ».
L’expert onusien a mis en comparaison cette énergie moyenne reçue avec « l’irradiation solaire annuelle globale horizontale (IGH) enregistrée en Europe» qui varie, a-t-il précisé, « entre 800 kWh/m² et 1800 kWh/m² ». Tout en félicitant l’adoption, en 2015, par les pouvoirs publics algériens d’un Programme national de développement des énergies renouvelables qui vise à porter, à l’horizon 2030, la part de l’électricité produite à partir de ces énergies à 27% du total produit annuellement dans le pays. Gilles Bonafi n’a pas manqué, de souligner « l’extrême urgence pour l’Algérie d’aller vers la production d’électricité à partir du solaire ».
En poursuivant que « l’Algérie doit le faire dans les douze prochaines années ». Et que passé ce délai, « elle risque de se retrouver dans une situation particulièrement difficile ». L’intervenant a avancé des arguments liés, les uns, à des considérations d’ordre interne et les autres, à l’évolution du marché énergétique européen dans les années à venir. Un marché qui constitue, un débouché, tout indiqué pour l’exportation de l’électricité produite à partir du solaire en Algérie. Il a argué que « dans les douze prochaines années, au vu de la croissance de ses besoins en énergie, l’Algérie n’aura plus d’excédent de pétrole à exporter. Et, partant, plus de recettes à engranger ».
La seule solution, a-t-il enchainé, est de se tourner, non pas vers une exportation plus soutenue de son gaz naturel qui « n’apporte rien à la chaîne de valeurs » mais vers « l’exportation de l’électricité à base d’énergie solaire et de gaz naturel qu’elle produira » en affirmant que « la production de cette énergie et son exportation va générer des milliers de postes d’emploi ». Ce qui ne sera pas à dédaigner surtout que « d’ici 2025, a poursuivi Gilles Bonafi, l’Algérie, au vu de sa croissance démographique, devra créer plus de 3 millions d’emplois» .
L’expert onusien prédit à l’horizon 2030 « la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz naturel importé, une énergie qui est, dans de larges proportions, utilisée dans la production d’électricité, grimpera à 80% de ses besoins ». La consommation de l’Europe augmentera « de 3,6% par an sur la période 2020-2040 ».
Une opportunité pour l’Algérie qui devra, selon Gilles Bonafi, « impérativement saisir non pas pour augmenter ses exportations de gaz naturel mais plutôt celles, comme indiqué plus haut, de l’électricité générée à partir de l’exploitation et de son immense potentiel solaire thermique et de ses immenses réserves de gaz naturel, deuxième en Afrique après celles du Nigéria.
Mourad Bendris