Avec des clés numériques, un espace aux places arrière travaillé et des équipements de confort spécifiques, les constructeurs automobiles commencent à modifier leurs produits face aux nouveaux usages de la voiture particulière.
Avant même l’arrivée des voitures autonomes, promise pour la prochaine décennie, les intérieurs s’adaptent à l’émergence de la mobilité partagée, qu’il s’agisse de covoiturage tel BlaBlaCar, d’autopartage (Drivy, OuiCar, Zipcar…) ou de transport individuel avec chauffeur (VTC) comme Uber.
Au niveau mondial, « une voiture conçue pour un usage intensif, robuste, capable de supporter des kilométrages élevés et attentive au confort des passagers aurait déjà un marché potentiel de plusieurs millions d’unités, et ce n’est que le début », affirmait début 2016 le cabinet McKinsey, en estimant dans une étude qu' »une voiture vendue sur dix en 2030 pourrait être partagée ».
Les entreprises de voitures de transport avec chauffeur étant de gros consommateurs d’autos neuves, c’est ce nouvel usage qui se reflète aujourd’hui le plus dans l’offre.
Lors du lancement de la grande berline Renault Talisman, des responsables de la marque avaient ainsi insisté sur l’effort porté à l’espace et l’accessibilité arrières, alors que sa concurrente Peugeot 508 a vu la fin de sa carrière commerciale ranimée par la clientèle des VTC. « On ne peut plus ignorer qu’à l’arrière de ces grosses berlines, ce ne sont plus les enfants » qui sont installés, les familles optant pour les 4×4 urbains ou les monospaces, remarque Karim Ferchiou, PDG du loueur de VTC « Voitures Noires ».
Son entreprise, dont le parc atteint 3.500 voitures et qui souhaite en acquérir 6.000 de plus, mène des discussions avec les constructeurs pour obtenir des véhicules plus adaptés aux besoins de ses clients: « la prise USB c’est très bien, mais une prise 230 volts permet de charger aussi bien son ordinateur que son téléphone et son iPad », explique M. Ferchiou à l’AFP.
Aux constructeurs, le loueur demande aussi des combinaisons inédites: des moteurs économiques « pour diminuer la facture énergétique de l’auto » mariés à des intérieurs cossus, mais « avec d’autres types de cuir, plus résistants et moins chers ». Et de « grands toits ouvrants ».
« Jusqu’à maintenant, la place reine dans les véhicules, c’était celle du conducteur. A partir du moment où on est sur du véhicule de type taxi ou VTC qui grâce à Uber est en explosion, on s’aperçoit que la place importante devient la place arrière droite », démontre à l’AFP Frédéric Charon, responsable de la stratégie technologique chez Faurecia.
Cet équipementier, filiale du groupe PSA, travaille sur les intérieurs que l’on verra en série dans quelques années, et M. Charon confirme que les passagers arrière vont être chouchoutés.
« On travaille sur des réglages différents du siège, des accessoires et des possibilités de connectivité à l’arrière, le fait d’avoir plus de places aux jambes », énumère-t-il. Les sièges « prendront soin de leurs utilisateurs via des fonctions de massage et de régulation du confort thermique ».
Même si la perspective d’un véhicule spécialement dévolu au covoiturage paraît plus lointaine, le phénomène de l’augmentation du nombre moyen de passagers par voiture induit « une reconsidération complète de l’espace à l’intérieur », affirme M. Charon.
Il évoque deux pistes, selon le comportement des « covoitureurs »: ceux qui s’isolent, le casque sur les oreilles, et auront besoin d’équipements pour accueillir leur « bulle », et ceux qui ont un comportement « plus social, ou sociable », à l’origine d’ailleurs du nom « BlaBlaCar ». Ces échanges pourraient être facilités par des micros, caméras et écrans recréant des face-à-face, selon lui.
Le phénomène de l’autopartage est lui aussi voué à faire évoluer l’automobile: des équipementiers ont développé des clés numériques virtuelles, transmissibles sur smartphone, adoptées notamment par Drivy et OuiCar.
« Il s’agit d’équipements de base que nous devons installer pour que nos voitures soient adaptées aux nouveaux services de mobilité, gérées par nous ou des partenaires », indique à l’AFP Ogi Redzic, vice-président de l’alliance Renault-Nissan chargé des véhicules connectés et des nouvelles mobilités. L’accord du tandem franco-japonais avec Microsoft, annoncé lundi, s’inscrit dans cette stratégie.
Source : AFP