Le forum Africa2016, organisé par la France, s’est tenu les 22 et 23 septembre à Paris, en présence de quelque 1 500 entreprises, acteurs économiques et institutions, dont plus de 500 venus d’Afrique. Il a permis de préparer sur le plan économique le sommet que la France organise régulièrement avec les pays africains et qui aura lieu en janvier 2017 à Bamako. Le prochain grand rendez-vous économique concernant l’Afrique se tiendra à Alger du 3 au 5 décembre.
Comme la plupart des forums économiques aujourd’hui, les Rencontres Africa2016 de Paris ont eu deux volets : des débats et ateliers pour identifier les grands dossiers relatifs au développement économique africain et les coopérations possibles, des espaces de contacts bilatéraux entre les entreprises. Les acteurs maghrébins étaient bien présents (120 sur 500 participants africains environ), partagées assez également entre l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, celle-ci étant venue particulièrement en force. Une délégation importante du Forum des chefs d’entreprises (FCE) était conduite par son président Ali Haddad.
Le prochain temps fort économique consacré à l’Afrique sera le Forum africain d’investissements et d’affaires, prévu à Alger du 3 au 5 décembre, au nouveau centre de conférence d’Ain-El-Benian. Le FCE a d’ailleurs saisi l’occasion d’Africa2016 pour présenter aux participants africains les grandes lignes du « Rendez-vous d’Alger » .
Parlant à Algérie-éco, M. Abderrahmane Benhamadi, président du groupe Condor (qui était un des partenaires d’Africa2016) a donné son appréciation d’entrepreneur, qui se développe aujourd’hui aussi bien en Afrique qu’en France. « L’avantage des forums, c’est qu’on a affaire à des professionnels, des entrepreneurs, des bureaux d’études, des banques, des assurances. On ne perd pas de temps, tout le monde sait ce qu’il veut. Nous avons eu beaucoup de contacts avec des sociétés françaises et africaines (du Sénégal, du Mali, du Cameroun, de Côte d’Ivoire), nous avons rencontré des personnalités comme le Premier ministre ivoirien, le ministre des télécommunications de Tunisie, le ministre de l’économie du Sénégal ».
« Il faut enclencher une dynamique. Tous les efforts d’où qu’ils viennent sont les bienvenus, a-t-il ajouté. On sent qu’il y a une volonté de faire bouger les choses, une volonté africaine et une volonté française. La France comprend que son avenir est très lié avec l’Afrique. Toutes ces économies sont complémentaires, soit à l’intérieur de l’Afrique, soit avec la France. Nous croyons beaucoup à l’avenir de l’Afrique, elle sera la locomotive du commerce mondial ».
En dehors de Condor, d’autres entrepreneurs, comme Slim Othmani (NCA-Rouiba), Billal Moussaoui, du groupe de machines-outils de Blida, ont participé à l’événement.
Inverser le recul relatif de la France
Pour les organisateurs français, il s’agissait -en dehors du rôle de facilitateur entre les entreprises- de réaffirmer l’intérêt majeur de la France pour l’Afrique et d’inverser à terme le recul relatif que la France enregistre depuis quelques années sur le continent. Les investissements français en Afrique augmentent (ils ont été multipliés par 7 depuis l’an 2000) mais les échanges commerciaux ne sont plus à un niveau suffisant de croissance pour maintenir la part de marché française au sud du Sahara. Entre 2000 et 2011, celle-ci a décliné de 10 % à moins de 5 %, selon un rapport récent commandé par Paris. Les échanges augmentent certes aujourd’hui à un rythme de 4 %, mais il est inférieur à celui de la croissance des échanges de l’Afrique avec le reste du monde. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président d’AfricaFrance (la fondation mise en place il y a deux ans pour relancer des relations mieux partagées entre la France et l’Afrique), a lui-même insisté sur ce point lors des débats.
Quelques participants africains ont reproché à la France de « se bouger » uniquement parce que l’Afrique regarde aujourd’hui du côté de la Chine, de la Turquie, des Amériques, du Moyen-Orient. M. Ali Haddad a de son côté critiqué les entreprises françaises pour leur manque d’»engagement » et l’absence de « confiance » .
Ces messages vont être relayés au 27e sommet Afrique-France (SAF) qui doit se tenir à Bamako en janvier 2017. Une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement du continent se réuniront avec le président français François Hollande.