Le réseau social Twitter est sur le point d’être mis en vente, indique vendredi la chaîne d’informations financières américaine CNBC.
En panne de croissance, le site de microblogs Twitter, qui n’a jamais dégagé de bénéfices, serait sur le point d’être vendu après avoir cherché sans succès un modèle économique viable. Le groupe est en discussions avec différentes sociétés technologiques, dont Google (Alphabet) et Salesforce.com, a rapporté vendredi la chaîne d’informations financières CNBC. Microsoft et l’opérateur Verizon seraient aussi sur les rangs.
Une transaction pourrait être annoncée d’ici la fin de l’année. En Bourse, l’action Twitter bondissait de 18,82% à 22,16 dollars. Le réseau étudie depuis plusieurs semaines différentes options pour relancer une croissance en panne: outre sa vente, sont également sur la table des suppressions d’emplois, des cessions d’actifs comme la régie publicitaire MoPub ou même l’application de partage de courtes vidéos Vine.
Twitter avait déjà réduit l’an dernier ses effectifs de 8%, mais la relance se fait encore attendre malgré le retour aux commandes en 2015 du fondateur Jack Dorsey.
Au deuxième trimestre, la croissance est restée atone avec une stagnation du nombre des utilisateurs à 313 millions et une nouvelle perte nette de 107 millions de dollars.
« Pourquoi Twitter?
1: c’est un réseau d’apprentissage personnel.
2: ce sont les meilleures informations données en temps réel.
3: ça démocratise le savoir.
4: c’est le lieu idéal pour promouvoir les autres ».
Explique dans un tweet Vala Afshar, responsable des technologies chez Salesforce.com. M. Afshar s’est toutefois empressé d’ajouter que ses tweets n’engageaient que lui. « J’aime simplement Twitter ». Outre les données, l’offensive récente de Twitter dans la vidéo en direct, notamment sportive, pourrait le rendre intéressant pour de nombreux groupes technologiques et pour des médias en quête de relais de croissance, selon le cabinet de recherche BTIG. Dans cette optique, Disney et NewsCorp (Murdoch) seraient ainsi des acquéreurs potentiels.
Un rachat par Google devrait susciter des réticences des autorités antitrust qui y opposeraient leur veto, d’après BTIG, tandis que Salesforce.com devrait casser sa tire-lire car il ne pèse qu’environ le double de Twitter en Bourse (48 milliards de dollars contre 15 milliards, vendredi).
Les spéculations sur l’avenir de Twitter circulent depuis plusieurs mois déjà, et ont encore été alimentées récemment par des commentaires du cofondateur Ev Williams: « nous devons considérer les bonnes options », avait-il répondu à Bloomberg TV qui lui demandait si Twitter pouvait rester indépendant.
Contrairement aux autres réseaux sociaux et sites de partage de contenu (Facebook, Linkedin, Snapchat, Instagram), Twitter n’a jamais vraiment trouvé son modèle économique, ayant des difficultés à fidéliser ses utilisateurs. Twitter tire principalement ses revenus des « promoted tweets » (tweets des annonceurs) qui apparaissent lors d’une recherche ou dans la « timeline » et des « promoted trends » (tendances) dont le but est de permettre de créer une visibilité complémentaire à son mot-clé (hashtag). Une autre source de revenus vient des « promoted accounts », qui sont des mises en avant de comptes spécifiques.
Sa nouvelle priorité qu’est la diffusion des événements sportifs en direct et en streaming, dont des matchs de la ligue de football américain NFL, est censée l’aider à séduire un public plus large et attirer les annonceurs. Une première rencontre retransmise la semaine dernière a réuni 2 millions de personnes. Plus symbolique: Twitter a assoupli la règle d’or limitant les tweets à 140 caractères, sa marque de fabrique. En dépit de ces efforts, les annonceurs jugent toujours insuffisant le nombre de « twittos » actifs. D’autres estiment que les données publiées dans les « tweets » sont moins personnelles que sur Facebook et donc moins juteuses pour la publicité ciblée. « La valeur ajoutée de Twitter pour les annonceurs est en train de diminuer », estime la banque RBC Capital Markets, qui fonde cette conclusion sur une enquête réalisée auprès de 1.100 professionnels de la publicité.
Fondé en 2006, Twitter s’est rapidement destiné aux professionnels de la communication et de l’information. Son interface, faite de hashtags et d’arobases, intégrées dans un fil de notification chronologique, est moins intuitive à utiliser que celle de Facebook. Les jeunes lui préfèrent des services de messagerie instantanée comme Snapchat et Whatsapp. Selon un rapport du cabinet eMarketer publié en août, sa part de marché devrait continuer à décliner progressivement jusqu’en 2020 au profit de Snapchat en l’occurrence.
Source : AFP