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Parc automobile: Immenses besoins en pièces détachées en perspective

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Durant ces quinze dernières années l’Algérie a importé environ 5,5 millions de véhicules divers, dont une bonne partie a déjà plus de cinq ans, âge à partir duquel commencent les pannes en cascades. En raison des restrictions imposées aux concessionnaires automobiles, il y aura chaque année moins d’importations de véhicules neufs et par conséquents moins de chance pour les conducteurs de procéder au remplacement des véhicules qui leur causent, pour une raison ou une autre, des soucis de maintenance. Ayant peu de chance d’acquérir un véhicule neuf de remplacement pour cause d’indisponibilité et cherté, l’écrasante majorité des conducteurs devra donc se résoudre à entretenir du mieux possible  leurs véhicules en faisant appel aux mécaniciens disponibles, avec tous les risques que pourrait leur faire encourir cette main d’œuvre mal formée et, de surcroît, en position de force du fait de sa rareté. Les pièces de rechange importées par des agents agréés atteindront de ce fait des records de consommation avec toutes les nuisances induites en termes de pénuries, de flambées des prix et, plus grave encore, d’intrusion massive de pièces détachées contrefaites. « Il faudrait acheter chaque année l’équivalent d’un dixième de la valeur des véhicules neufs importés pour faire face à la maintenance ordinaire des véhicules ayant moins de 5 années d’âge », selon les propos d’un ancien cadre du ministère du Commerce que nous avons interrogé sur la question. C’est  donc pas moins de 1 à 1,5 milliards de dollars que la Banque d’Algérie devra mobiliser chaque année pour régler les importations de pièces de rechange. Une charge qu’elle ne pourra, à l’évidence, pas assumer en cette période de crise financière qui voit nos réserves de change fondre comme de la neige au soleil.

Les algériens qui ont vécu la crise des années 😯 savent ce que les ruptures d’importations de pièces détachées signifient en termes de difficultés à maintenir son véhicule vieillissant en état de marche. La situation pourrait même être plus grave, pour la simple raison que le parc automobile disponible en cette période était au minimum dix fois moins important que l’actuel et qu’il existait malgré tout un embryon d’industrie locale de la pièce détachée (Alfrex et quelques très rares unités familiales) qui fournissait certains accessoires de premières nécessité (plaquettes de frein, disques d’embrayage, courroies, pare-brises etc.). Ces usines locales ont aujourd’hui presque toutes disparues, ouvrant la voie au « tout-importation » que l’Algérie ne pourra malheureusement plus se permettre du déclin du déclin de ses recettes d’hydrocarbures.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les investisseurs algériens et, notamment les concessionnaires automobiles, sauront tirer avantage de ce vaste marché de la pièce de rechange et de la maintenance qui s’ouvre devant eux, pour réaliser dans leur pays les usines de pièces détachées et les ateliers de maintenance requis par l’impasse de nos finances publiques. L’investissement dans ces filières est en effet très rentable et les concessionnaires automobiles concernés en premier chef par la réalisation de ce genre de projets ne manquent pas. Une vingtaine de concessionnaires agréés par occupent ce créneaux particulièrement lucratif qui leur a permis d’engranger de fabuleux bénéfices sans pratiquement rien investir dans des activités industrielles liées à la profession, alors que la loi sur la monnaie et le crédit de 1991 leur faisait obligation de le faire dés la troisième année d’importation. Au moyen de l’article 52 de la loi de finance pour l’année 2014, l’État est revenu à la charge pour leur rappeler cette obligation légale à la quelle on souscrit tous les importateurs sans exception (médicaments, électronique, agroalimentaire etc.) sauf les concessionnaires automobiles.

Menacés de retrait d’agrément, ces importateurs de véhicules ont commencé à y réfléchir sérieusement à travers des projets de montage avec l’aide de partenaires étranger, la construction d’ateliers de maintenance modernes et la réalisation d’usines de pièces et accessoires de rechanges de premières nécessité. Il faut dire que la conjoncture est favorable à ce type d’investissements : La demande intérieure est tout simplement colossale, les constructeurs automobiles soucieux de maintenir leurs parts de marché ne demandent qu’à accompagner leurs concessionnaires dans ce pari « gagnant-gagnant » à défaut d’être rapidement « court-circuités » par les contrefacteurs de pièces détachées. Parfaitement conscient de l’importance des enjeux le gouvernement algérien a, à maintes fois, ordonné aux concessionnaires automobiles d’entamer dés le début de l’année 2017 la réalisation d’unités industrielles et non industrielles centrées sur l’activité automobile, au risque de se voir retirer leurs agréments. Mais encore grisés par les super profits que leur procure la vente en l’état de véhicules importés, la plupart des concessionnaires en activité hésitent à mettre en œuvre leurs projets. Si pratiquement tous les concessionnaires ont fait des déclarations d’intentions favorables à l’article 52 de la LF 2014, il n’y a, à notre connaissance, que quelques très rares opérateurs (Renault, Peugeot, Hyundai, Sovac et Cima Motors) qui ont fait des pas concrets dans ce sens. A moins d’une subite prise de conscience qui se traduirait par une rapide mise en chantier d’unités de montage, de production de pièces détachées et d’ateliers de maintenance, tout indique que les automobilistes algériens s’acheminent inéluctablement vers une grave crise de la maintenance automobile. Comme au temps de l’Algérie socialiste, la « débrouille » pour trouver la bonne pièce de rechange et le bon mécanicien constituera, sans doute d’ici peu, une de leurs principales préoccupations.

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