Le ministère du commerce trouve beaucoup de difficultés à combattre les spéculateurs et à organiser le marché face aux résistances. N’ayant pas pu mettre en pratique l’utilisation des bons de transactions commerciales, prévue initialement pour le 22 mai dernier, le département de Bakhti Belaib, vient de lancer une opération de sensibilisation au profit notamment des agriculteurs et des éleveurs en vue de les convaincre de l’utilisation de ces bons dont l’entrée en vigueur a été reportée pour la fin de l’année en cours.
Le sous directeur de la promotion du droit de la concurrence au ministère Serdoun Mohamed a indiqué hier que « nous avons rencontré des difficultés dans la mise en vigueur de cette disposition. Beaucoup d’opérateurs pensent qu’il s’agit d’un document de déclaration fiscale » en précisant que « ce n’est pas le cas. L’utilisation du bon de transaction commerciale n’a aucun lien avec les impôts ». Il a souligné que « les dispositions du décret sont claires. Nous voulons organiser ce circuit et introduire plus de transparence dans ces transactions ».
Pour le responsable « cette disposition permettra d’éliminer les intermédiaires illégaux, qui sont responsables en grande partie de la spéculation et des flambées des prix des fruits et légumes notamment ».Il a ajouté qu’ « à travers ces bons nous maîtriserons le marché: la source du produit, les volumes disponibles, les prix pratiqués, etc. Le spéculateur n’aura plus de place dans cette chaîne ».
Mais force est de constater que cette guerre est difficile et que les spéculateurs en vue de garder le contrôle du marché mènent leur guerre larvée en usant de procédés insidieux. Ce qui ne manque pas de rendre la mission du ministère encore plus ardue, d’autant plus que les agriculteurs et les éleveurs manifestent leur méfiance à tout ce qui vient perturber leurs anciennes habitudes.
C’est dans cette optique, que le ministère du commerce par souci de gagner leur confiance qu’il opté pour la sensibilisation et la vulgarisation auprès des opérateurs concernés par cette disposition. A souligner qu’à cet effet, des journées d’étude et d’information, des séminaires, des conférences ainsi que des rencontres directes avec les opérateurs, sont organisées par les services extérieurs du ministère à travers le territoire national. Mr Serdoun a expliqué que « l’objectif actuel est de transmettre le contenu du décret, prévoyant cette mesure, au plus grand nombre d’opérateurs notamment à ceux qui ont une influence importante dans l’approvisionnement et la stabilisation du marché ».
Ce que prévoit le décret exécutif n° 16-66 du 16 février 2016
Selon le décret, le bon de transaction commerciale a pour but de garantir fidèlement la transparence des transactions, de connaître les quantités vendues et des prix pratiqués et de maîtriser les circuits de commercialisation. Sont concernées par cette mesure les opérateurs intervenant dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture ainsi que celui de l’artisanat.
Selon le texte définissant le modèle du document tenant lieu de facture, le bon de transaction commerciale est un document établi par l’agent économique lors de la vente faite au profit de l’acheteur, même si celui-ci n’est pas l’acheteur final et qu’il est chargé de la vente du produit pour le compte de l’agent économique.
Le bon de transaction commerciale doit comporter les prix convenus entre l’agent économique et l’acheteur, qu’ils soient provisoires y compris sous la forme de fourchettes de prix ou qu’ils soient définitifs. Les mentions obligatoires devant figurer sur ce bon sont notamment la désignation, le prix unitaire, la quantité, le montant par produit et le montant total.
Ce document doit être présenté par l’opérateur, qu’il soit vendeur ou acheteur, à la première réquisition des fonctionnaires habilités par la législation en vigueur, ou dans un délai fixé par l’administration concernée.
Fatma Haouari