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Déçu par le pétrole, le Nigeria renoue avec l’agriculture

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Avec ses comptes au plus bas et ses devises étrangères envolées avec la chute du prix du pétrole, le Nigeria n’a plus les moyens d’importer son riz ou son huile de palme et cherche à se sortir de la récession en favorisant le secteur agricole.

Autrefois florissante, l’agriculture, a été abandonnée après les premières découvertes d’une immense manne pétrolière au large du Golfe de Guinée à la fin des années 1950.

L’addiction de l’économie nigériane à l’or noir, dont les cours ont aujourd’hui fortement baissé, a ruiné les comptes de l’Etat, qui tire 70% de ses recettes des hydrocarbures.

Mercredi, dans un sombre rapport, le Bureau national des statistiques a révélé que le PIB avait décliné de 2,1% au second trimestre (sur un an).

Aujourd’hui, le gouvernement nigérian peine à payer ses fonctionnaires et doit trouver d’autres sources de revenus. L’agriculture est sans doute la plus évidente.

Avec 84 millions d’hectares de terres arables, qui s’étendent des jungles du sud au désert du Sahel au nord, le Nigeria peut espérer une large production agricole, pour sa population mais aussi pour l’export.

Mais le ministère de l’Agriculture estime que le pays le plus peuplé d’Afrique importe chaque année près de 20 milliards de dollars de nourriture.

A cause de l’inflation (17,1% en juillet), un sac de riz de 50 kilos, souvent importé de Thaïlande, se vend désormais 20.000 nairas (63 dollars) contre 8.000 au début de l’année.

Les fonctionnaire de l’Etat d’Imo (sud-est) ne travaillent plus que deux jours par semaine et doivent labourer la terre les autres jours de la semaine sur ordre des autorités.

Dans les Etats de Benue ou Sokoto (centre et nord), ils quittent leurs bureaux à la mi-journée pour se concentrer sur le travail agricole l’après-midi.

Mais, au-delà, transformer l’agriculture de subsistance (qui fait vivre pauvrement 70% de la population) en une agriculture commerciale et industrielle est la priorité.

« Si nous redressons l’agriculture, nous redresserons l’économie », a assuré le vice-président Yemi Osinbajo le mois dernier, alors qu’il lançait un nouveau programme de développement agricole.

Osinbajo a encouragé les Nigérians à être patriotiques et à acheter des produits « Made in Nigeria ».

Il y a quelques décennies encore, il n’aurait pas été difficile de les convaincre. Dans les années 1960, le Nigeria était le premier exportateur d’huile de palme au monde, devant la Malaisie ou l’Indonésie.

Le géant d’Afrique de l’Ouest produisait plus de cacao que son concurrent ivoirien et représentait 18% de la production mondiale de fèves, selon l’Association nigériane de cacao (CAN).

Mais désormais, le pays importe son huile de palme de Malaisie et ne produit que 8% du cacao mondial.

« Nous devons retourner à la production de cacao », assure le président de la CAN, Sayina Riman, ajoutant que l’exportation de la précieuse fève pourrait générer les dollars tant convoités.

Oluranti Adeboye a quitté son emploi au gouvernement local pour devenir cultivateur à plein temps en 2008. Mais le manque d’électricité pour faire fonctionner son exploitation et les mauvaises routes ne lui permettent pas de rêver en grand.

« Je cultive du cacao, du manioc, des bananes plantains, des noix de kola, j’ai aussi des étangs de pisciculture », explique-t-il à l’AFP, montrant du doigt ses 5.000 hectares de terres dans l’Etat d’Ogun.

Les pluies torrentielles des derniers jours ont transformé la route en une piste boueuse et glissante. Les ouvriers sèment les graines de cacao en bottes et longs imperméables.

« Il faut que le gouvernement nous aide en construisant des routes, en fournissant de l’électricité et de l’eau et que le secteur financier nous soutienne » en proposant des taux d’intérêts moins élevés que les 14% actuels, dit M. Adeboye.

« Le gouvernement doit mettre tout en oeuvre pour qu’il soit plus facile de faire des affaires ».

D’autant que les 170 millions de Nigérians n’attendent pas seulement de produire leur nourriture, ils veulent la transformer sur place.

« Si nous voulons vraiment diversifier l’économie et créer de la valeur en dehors des hydrocarbures, alors l’agriculture doit donner naissance à l’industrie », écrit le célèbre éditorialiste du quotidien This Day, Simon Kolawole.

Certains n’ont pas attendu. Première fortune d’Afrique, le Nigérian Aliko Dangote a investi dans une usine de concentré de tomate et vient de mettre un milliard de dollars dans une rizière qui devrait commercialiser sa première récolte en décembre.

Enfin les Nigérians pourront doublement savourer leur plat national, le riz jolof, sachant qu’il vient de leur propre jardin.

Source : AFP

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