Thinking Africa a publié un classement des pays africains en fonction de la superficie de leurs terres arables cédées aux investisseurs étrangers depuis l’an 2000, par location ou par vente. Le think thank, composé de jeunes chercheurs, d’universitaires et d’experts, s’est servi, à cette fin, d’études nationales ainsi que de rapports d’institutions telles que l’Union africaine, l’ONU et la Banque mondiale.
Avec plus de 3,7 millions d’hectares de terres agricoles cédées, Madagascar arrive en tête du classement.
Suivent l’Ethiopie avec 3,2 millions d’hectares, la République démocratique du Congo avec 2,8 millions d’hectares, la Tanzanie avec 2 millions d’hectares, et le Soudan avec 1,6 million d’hectares de terres cédées à des investisseurs étrangers.
Si certains analystes y voient un véritable accaparement « honteux » de terres agricoles qui pourraient être mises en valeur par d’autres moyens, d’autres estiment qu’il s’agit en réalité d’une opportunité de mettre les capitaux étrangers au service du développement des pays africains par une meilleure productivité agricole.
Ainsi, contrairement au géographe et chercheur à l’Université de Lomé, Edoh Komlan Théodore, qui déplore auprès d’Anadolu Agency « un choix cornélien, une mainmise de l’étranger sur une partie du patrimoine qui constitue indubitablement une aliénation, une perte de souveraineté », l’Administrateur principal du Club du Sahel et de l’Afrique de l’ouest (CSAO), Jean Zoundi Sibiri, préfère jouer la carte de l’optimisme.« Il faut se garder de diaboliser le phénomène et bien faire le distinguo entre des porteurs de projets venus uniquement en Afrique produire pour l’exportation et faire du profit, et les pays africains qui ont mis au point des politiques agricoles à même de répondre à leurs demandes locales », a-t-il confié au site d’information Slate Afrique.
L’étude de Thinking Africa relève que la cession des terres arables a rapporté à l’Afrique en un quart de siècle près de 100 milliards de dollars. Quant aux investisseurs les plus actifs sur le marché du foncier agricole africain, ils sont essentiellement chinois (4,5 millions d’hectares), américains (3,2 millions d’hectares), britanniques (2,5 millions d’hectares), malaisiens (2,5 millions d’hectares), sud-coréens (2,3 millions), et saoudiens (2,1 millions).
Source : Agence Ecofin