La demande mondiale d’or a continué à progresser au deuxième trimestre 2016, enregistrant ainsi un premier semestre quasi record, grâce à l’intérêt toujours élevé manifesté par les investisseurs financiers occidentaux, selon un rapport du Conseil mondial de l’or (CMO) publié jeudi.
D’avril à juin 2016, la demande mondiale de métal jaune est en effet ressortie à 1.050 tonnes, contre 910 tonnes au deuxième trimestre 2015, a indiqué le CMO, une fédération qui réunit les grands producteurs d’or de la planète.
Comme au premier trimestre, cette progression est essentiellement imputable à un bond de la demande d’or en tant qu’investissement, qui a été multipliée par presque 2,5 au deuxième trimestre par rapport à la même période l’an passé, à 448 tonnes contre 186 tonnes.
Sur l’ensemble du premier semestre, la demande mondiale d’or a atteint 2.335 tonnes, s’établissant ainsi non loin du record de 2.371,5 tonnes enregistré au premier semestre 2013, a précisé le CMO à l’AFP.
« Les investisseurs cherchaient à diversifier leurs risques et à acquérir des valeurs refuges face à une instabilité politique, économique et sociale continue », a souligné le CMO dans un communiqué, citant l’élection américaine, le référendum britannique sur le Brexit ou encore le caractère de plus en plus risqué du secteur bancaire en Italie comme facteurs d’incertitude à même d’encourager la demande d’or.
De janvier à juin 2016, la demande d’or en tant qu’investissement a ainsi affiché un niveau record de 1.064 tonnes, soit une hausse de 16% par rapport à son précédent plus haut historique enregistré au premier semestre 2009, en plein coeur de la crise financière
C’est la première fois dans l’histoire des statistiques du CMO que l’investissement ressort comme la plus importante composante de la demande d’or sur deux trimestres consécutifs, « ce qui est vraiment très inhabituel », a expliqué à l’AFP John Mulligan, responsable des relations avec les membres et les investisseurs pour le Conseil mondial de l’or.
Les investisseurs occidentaux et professionnels, qui comptent pour l’essentiel de cette demande, ont cherché à se tourner vers des valeurs plus rentables face « à la liste d’actifs de plus en plus nombreux dont le rendement est négatif ou nul », a-t-il détaillé.
Ceci a été particulièrement marqué du côté des flux entrants d’ETF (fonds d’investissements adossés à des stocks physiques d’or), qui, selon le CMO, « ont connu une première moitié d’année extraordinaire », qui ont atteint près de 580 tonnes de janvier à juin 2016, dont 237 tonnes pour le seul deuxième trimestre.
A la fin du mois de juillet, ces flux entrants d’ETF s’établissaient à 660 tonnes sur un an, soit une progression supplémentaire de 80 tonnes par rapport à la fin juin, a noté M. Mulligan.
Or, « cela n’est pas nécessairement ou principalement dû aux investisseurs américains », a-t-il précisé, puisque « 47% sont des ETF européens, ce qui montre aussi l’ampleur récente de l’investissement en Europe occidentale et reflète de nouveau un haut niveau d’incertitude », notamment dans le sillage du Brexit.
Mais la croissance de la demande d’or en tant qu’investissement, qui a fait bondir les prix en dollars du métal jaune de quelque 25% de janvier à juin, a pesé à l’inverse sur les achats de bijoux ainsi que sur la demande des banques centrales.
L’intérêt pour le métal jaune dans le domaine de la joaillerie a en effet continué à reculer au deuxième trimestre, déclinant de 14% à 444 tonnes, contre 514 tonnes au deuxième trimestre 2015, en particulier chez ses deux principaux consommateurs, la Chine et l’Inde, où la demande a reculé de respectivement 15% et 20%.
L’attrait pour le métal jaune des banques centrales, en chute de 40% au deuxième trimestre, a également été affecté par la hausse des prix de l’or, a noté le CMO
Source : AFP