La Banque centrale américaine (Fed) devrait opter mercredi pour le statu quo monétaire face à l’onde de choc du Brexit, mais pourrait livrer quelques indices sur une possible hausse des taux en septembre.
Après avoir entamé ses discussions mardi, son Comité de politique monétaire (FOMC) a repris sa réunion mercredi matin à Washington et devrait de nouveau décider de maintenir ses taux directeurs entre 0,25% et 0,50%. Sa décision sera connue à 18H00 GMT.
L’issue ne fait guère de doute. Après avoir relevé ses taux en décembre pour la première fois en près de 10 ans, la Fed n’a cessé de différer la normalisation de sa politique monétaire faute d’être pleinement rassurée sur la solidité de l’économie mondiale et américaine.
Le regain d’inquiétude lié au Brexit devrait de nouveau inciter la Fed à la prudence mercredi, d’autant que la réunion ne sera pas suivie d’une conférence de presse qui permettrait d’expliquer toute décision surprise aux marchés.
Une agence du Trésor américain lui a donné lundi de nouvelles raisons d’attendre, en estimant que la sortie programmée du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait avoir d’importantes répercussions aux Etats-Unis: « Dans un scénario noir, les chocs venant du Royaume-Uni et d’Europe menaceraient la stabilité financière aux Etats-Unis », a affirmé l’Office of Financial Research.
A la mi-juin, soit quelques jours avant le scrutin britannique sur le Brexit, les 10 membres du FOMC avaient déjà jugé « prudent d’attendre d’évaluer l’impact du référendum », selon les minutes de leur réunion.
Les conséquences ont depuis été minimes pour l’économie américaine, mais la Fed reste aux aguets.
« Il est trop tôt pour affirmer que le danger est passé pour ce qui est de la stabilité des marchés financiers », a déclaré à la mi-juillet le président de la Réserve fédérale d’Atlanta (est), Dennis Lockhart.
La situation sur la scène économique intérieure invite également à un certain attentisme.
Le marché du travail américain a repris des couleurs en juin, mais doit encore confirmer son rétablissement après avoir dévissé en mai, avec des créations d’emplois au plus bas depuis six ans. Avec un taux de chômage à 4,9%, l’objectif de plein emploi fixé par la Fed semble être toutefois à portée de main.
S’agissant de l’inflation, l’autre priorité de la Banque centrale américaine, les récents chiffres aux Etats-Unis sont mitigés mais semblent montrer que l’objectif d’une hausse annuelle des prix à la consommation de 2% se rapproche.
Dans son communiqué final de la mi-juin, le FOMC avait relevé que les progrès sur le marché du travail avaient « ralenti » et que l’inflation « continuait à évoluer » sous son objectif à long terme.
Tout changement sémantique traduisant une amélioration pourrait être perçu comme un signe que la Fed est prête à un nouveau relèvement des taux d’intérêts lors de sa réunion de septembre.
L’importance accordée à « la situation internationale » dans le communiqué pourrait également donner des indices sur les intentions de la Banque centrale.
Dès vendredi, la Fed en saura en tout cas davantage sur l’économie américaine grâce à la publication des premiers chiffres de la croissance au 2e trimestre. Au cours des trois premiers mois de l’année, l’expansion avait été poussive (+1,1% en rythme annualisé).
Quelle que soit la performance américaine, Joseph Gagnon, expert au Peterson Institute, est catégorique: « Je ne crois pas qu’il y aura une hausse des taux cette année », dit-il à l’AFP.
Outre l’incertitude économique, les dirigeants de la Fed feront aussi face, en septembre, à une autre hypothèque qui se rapprochera alors à grands pas: l’élection présidentielle américaine du 8 novembre.
Déjà dans le collimateur du candidat républicain Donald Trump, la Fed pourrait hésiter avant de prendre une décision aux vastes ramifications économiques, même si sa présidente Janet Yellen assure être indifférente au calendrier politique.
« Je n’ai jamais vu des considérations politiques influencer d’une quelconque manière le jugement porté sur les mesures qui sont décidées au sein de la Réserve fédérale », avait-elle déclaré en mars.
Source : AFP