Face à la persistance de conditions économiques défavorables dans les pays en développement, le Groupe de la Banque mondiale a porté ses engagements à plus de 61 milliards de dollars sur l’exercice 2016 (1er juillet 2015-30 juin 2016), sous forme de prêts, de dons, de prises de participations ou de garanties accordés à des pays et des entreprises privées.
« Dans un monde marqué par la multiplication des risques, avec le ralentissement de la croissance mondiale, les déplacements forcés de population toujours plus nombreux et les transformations environnementales brutales causées par le changement climatique, les pays à revenu faible et intermédiaire sollicitent une aide accrue de notre part, commente Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. Le fait que les pays se tournent vers le Groupe de la Banque mondiale nous conforte dans notre mission. Nous continuerons à répondre à la demande croissante d’instruments financiers novateurs, en mobilisant les ressources des bailleurs de fonds pour accroître considérablement notre volume de prêts à faible taux d’intérêt et en exploitant au mieux notre expertise mondiale pour aider les pays à faire face à leurs difficultés les plus grandes. »
Les engagements de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui fournit aux pays des financements, des produits de gestion du risque ainsi que d’autres services financiers, ont atteint 29,7 milliards de dollars, en nette hausse par rapport à l’exercice précédent. Les engagements de l’Association internationale de développement (IDA), qui propose des prêts sans intérêt et des dons aux 77 pays les plus pauvres du monde, sont ressortis à 16,2 milliards de dollars pendant l’exercice 2016.
Les demandes adressées à la BIRD et l’IDA ont atteint les niveaux observés en période de crise financière, dépassant la barre des 160 milliards de dollars entre les exercices 2013 et 2016. Cette hausse est intervenue alors que la Banque mondiale révisait à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale en 2016, de 2,9 à 2,4 %.
Au cours de l’exercice 2016, le Groupe a continué de rechercher, avec ses partenaires, des solutions financières novatrices pour résoudre certains des problèmes mondiaux les plus urgents. Avec les Nations Unies et la Banque islamique de développement, il a lancé l’Initiative de financement en faveur de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pour aider les deux pays qui ont accueilli le plus de réfugiés par rapport à leur population, le Liban et la Jordanie. Cette initiative permettra de mobiliser les instruments financiers habituellement réservés aux pays les plus pauvres.
Le Groupe de la Banque mondiale a aussi annoncé en 2016 le lancement du Mécanisme de financement d’urgence en cas de pandémie, censé être opérationnel en 2017. Ce dispositif de décaissement de fonds rapide doit prévenir des pandémies mortelles et contribuer à créer le tout premier marché de l’assurance contre le risque de pandémie.
La Société financière internationale (IFC), la plus importante institution mondiale d’aide au développement dont les activités concernent exclusivement le secteur privé, s’est appuyée sur son expérience pour s’atteler aux défis du développement les plus urgents, comme l’accès à la finance, le changement climatique, les infrastructures ou l’emploi.
Selon des données préliminaires non auditées, les investissements à long terme de l’IFC au 30 juin dernier auraient atteint un niveau record de 18,6 milliards de dollars, y compris les ressources mobilisées auprès d’autres investisseurs. L’IFC a consenti plus de 11 milliards de dollars d’investissements de long terme sur son compte propre et mobilisé environ 7,6 milliards de dollars auprès d’autres investisseurs. Ces opérations, souvent complexes, sont venues soutenir plus de 340 projets de financement à long terme dans le monde.
Les régions et les pays les plus démunis font toujours partie des priorités stratégiques de l’IFC, qui a apporté plus de 5 milliards de financement de long terme en faveur de l’accélération du développement dans les pays IDA (ressources mobilisées auprès d’autres investisseurs comprises). Ces pays représentent pratiquement 30 % du total des opérations de l’IFC. Les investissements dans des entreprises de régions fragiles et en conflit ont frôlé le milliard de dollars, en hausse de plus de 50 % par rapport à l’exercice précédent.
« Alors que les tourmentes économiques et politiques déplacent des millions de personnes qui perdent ainsi leurs moyens de subsistance, le secteur privé a un rôle clé à jouer, souligne Philippe Le Houérou, vice-président exécutif et directeur général de l’IFC. L’impact de l’IFC l’an dernier souligne bien sa position unique pour mobiliser toute la puissance du secteur privé, grâce à ses 60 ans d’expérience au plus près des défis du développement. »
L’exercice 2016 a également été marqué par la montée en puissance des activités de conseil de l’IFC, qui ont bénéficié, dans plus de 60 % des cas, à des clients IDA (dont 20 % dans des zones fragiles et en conflit).
L’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), l’institution du Groupe de la Banque mondiale spécialisée dans l’assurance contre les risques politiques, a établi un nouveau record en émettant pour 4,3 milliards de dollars de garanties et de soutien au crédit. La fragilité de la conjoncture internationale incitant les investisseurs à rechercher une protection accrue, la MIGA joue un rôle central pour atténuer les risques et amener les investisseurs privés sur les marchés émergents. Elle maintient ses axes prioritaires : les pays IDA, les zones fragiles et en conflit et le changement climatique. Au 30 juin, 45 % de ses engagements concernent des pays IDA, et 10 % des États fragiles et en conflit.
« La MIGA continue d’encourager les investisseurs privés à s’aventurer sur certains marchés éminemment complexes, souligne Keiko Honda, vice-présidente exécutive et directrice générale de la MIGA. Nous le faisons en proposant des solutions qui réduisent les risques dans le but de combler le manque d’investissement dans les infrastructures, créer des milliers d’emplois et soutenir une croissance économique durable. »
Les engagements du Groupe de la Banque mondiale dans les pays d’Afrique subsaharienne — première priorité de l’institution — se sont montés à 12,5 milliards de dollars durant l’exercice 2016. Sur ce total, 8,7 milliards proviennent de l’IDA, 0,7 milliard de la BIRD, plus de 1,3 milliard de l’IFC et 1,8 milliard correspondent aux garanties de la MIGA pour des projets dans la région ; à cela s’ajoute près de 1 milliard de dollars mobilisé par l’IFC auprès d’autres investisseurs.
La BIRD a émis pour 64 milliards de dollars d’obligations sur les marchés internationaux, un record, en soutien à des programmes de développement durable chez ses clients. Au cours de l’exercice 2016, la Banque mondiale a procédé à la 125e émission d’une obligation verte, ce qui porte à 9 milliards de dollars le montant mobilisé depuis le lancement de ce programme novateur, en 2008. De son côté, l’IFC a émis près de 1,4 milliard de dollars de titres verts au cours du même exercice.
À la suite de l’accord mondial historique sur le climat trouvé à Paris en décembre 2015, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé un Plan d’action sur le changement climatique visant à aider les pays à respecter leurs engagements en la matière. Dans le sillage de cette annonce, il n’a pas tardé à agir en accordant notamment un prêt de 625 millions de dollars à l’Inde pour soutenir son programme de panneaux solaires raccordés au réseau, tandis qu’il est prévu de mobiliser plus d’un milliard de dollars en appui à l’ambition du pays de développer l’énergie solaire. De même, la Banque a dévoilé à Paris un « Business Plan » pour le climat en Afrique et a déjà approuvé une opération de 111 millions de dollars en faveur d’un projet d’agriculture climato-intelligente au Niger, qui bénéficiera directement à quelque 500 000 exploitants et agropasteurs dans le but de renforcer la productivité et la résilience tout en réduisant les émissions de gaz à effets de serre.
L’institution maintient son aide pour atténuer les effets des catastrophes naturelles et des chocs liés aux intempéries. Pour la quatrième fois, la BIRD a fourni une assurance contre le risque de tremblements de terre et de cyclones tropicaux en faveur des îles Cook, des îles Marshall, de Samoa, des Tonga et de Vanuatu, pour un montant global de 43 millions de dollars au nom de l’IDA, dans le cadre du mécanisme d’évaluation et de financement des risques de catastrophe dans le Pacifique (PCRAFI).
Face à l’instabilité croissante de la conjoncture internationale, la volatilité des monnaies, des taux d’intérêt et des cours des matières premières plane comme une menace sur les progrès obtenus. Le soutien de la Banque mondiale pour la gestion des risques conserve toute son actualité. Le Département de la trésorerie a réalisé cette année 26 transactions pour le compte de pays clients afin qu’ils puissent gérer leur exposition à la fluctuation des taux de change et d’intérêt, pour un volume total de plus de 1,1 milliard de dollars. Elle a par ailleurs fourni des conseils sur la gestion de la dette publique à 33 pays et sur la gestion d’actifs à 60 clients du secteur public, sans oublier les produits financiers adaptés aux objectifs de gestion du risque des pays membres.
Source : lettre W.Bank