Le géant indien Tata Steel a annoncé vendredi avoir ouvert des discussions stratégiques « avec plusieurs entreprises, dont l’allemand Thyssenkrupp », en vue de créer une coentreprise européenne dans l’acier comme alternative à la vente de ses activités britanniques.
Tata Steel avait fait part fin mars de son intention de vendre ses activités britanniques, une annonce qui avait provoqué un choc au Royaume-Uni. Il en a effectivement vendu une partie depuis, mais le sort de ses quelque 12.000 employés britanniques restants est encore incertain.
Le groupe a précisé dans un communiqué publié vendredi, à l’issue d’un conseil d’administration à Bombay en Inde, qu’il travaillait désormais à l’inclusion possible de ces activités dans une coentreprise européenne.
Il a rappelé que sept repreneurs potentiels s’étaient mis sur les rangs pour racheter tout ou partie de ses activités britanniques, expliquant avoir étudié leurs offres en détail et au vu des « incertitudes » provoquées par la perspective du Brexit et des discussions autour du régime de retraite des travailleurs du secteur au Royaume-Uni.
« En tenant compte de ces questions, le conseil d’administration de Tata Steel a décidé d’étudier aussi d’autres alternatives (que la vente des activités britanniques, NDLR) et des solutions plus durables pour ses activités européennes », dont celles du Royaume-Uni, a expliqué l’entreprise.
« En conséquence Tata Steel est entré en discussions avec des partenaires stratégiques dans l’industrie de l’acier, dont Thyssenkrupp. Des discussions ont été lancées pour explorer la faisabilité de collaborations stratégiques via une coentreprise potentielle. Les discussions ne sont qu’à un stade préliminaire et n’ont aucune certitude d’aboutir », a ajouté le groupe indien.
Début juin, Tata Steel a finalisé la vente de ses activités d’acier long au Royaume-Uni (4.400 employés) et en France (400 employés) au fonds britannique Greybull Capital, pour la somme symbolique d’une livre.
Il cherche donc toujours une solution pour ses 12.000 employés restant au Royaume-Uni, dont les 4.100 de son site géant de Port Talbot au Pays de Galles. Il avait annoncé au début du printemps vouloir se défaire de ces activités faute de pouvoir les rentabiliser face à l’afflux sur le marché européen de masses d’acier à prix cassé importé de Chine.
Tata Steel a précisé vendredi que la coentreprise potentielle concernait ses activités d’acier en bandes. Ses autres activités britanniques – aciers spécialisés et tubes – seront vendues, a souligné le groupe.
Cette série d’annonces, qui constitue un énième rebondissement dans la saga de Tata Steel au Royaume-Uni ces derniers mois, a été fustigée par le secrétaire général du syndicat Community, qui a critiqué « l’incertitude » prolongée pour des milliers d’employés.
« Le statut actuel du processus de vente n’est pas clair et cela rend furieux nos adhérents et peut-être les repreneurs potentiels eux-mêmes », a expliqué Roy Rickhuss.
Accusé de n’avoir pas protégé autant que nécessaire l’industrie sidérurgique du pays, le gouvernement britannique s’était dit prêt à partiellement nationaliser ces activités pour aider l’éventuel repreneur choisi. Il avait expliqué être prêt à prendre jusqu’à 25% des parts de ces activités rachetées à Tata Steel.
Le ministre britannique aux Entreprises, Sajid Javid, a expliqué vendredi avoir rencontré le président de Tata, Cyrus Mistry, dans la journée en Inde où il effectue une visite. « Nous allons continuer de travailler avec Tata afin de trouver une solution de long terme pour l’activité de haut fourneau de Port Talbot », a-t-il assuré.
La décision du groupe indien de se défaire de ses affaires britanniques, annoncée au printemps, avait provoqué une onde de choc au Royaume-Uni, pays où l’acier occupe une place à part dans les cœurs depuis la Révolution industrielle.
Source : AFP