À partir de l’expérience accumulée dans cinq pays d’Afrique subsaharienne, un nouveau rapport de la Banque mondiale vient montrer pourquoi il est capital de recourir à des projets de production d’énergie indépendante (IPP) pour étendre l’accès à l’électricité aux 600 millions d’habitants qui en sont encore privés dans cette région du monde. Les auteurs se penchent sur les défis que les responsables de l’action publique doivent aujourd’hui relever, en mettant en évidence les éléments qui peuvent concourir à des investissements accrus et durables dans le secteur de l’énergie électrique.
Dans la plupart des pays d’Afrique, les besoins de financement de ce secteur dépassent de loin ce que peuvent offrir des finances publiques déjà mises à rude épreuve. Pour pouvoir accroître la capacité de production d’électricité, les États doivent par conséquent parvenir à attirer un plus grand volume d’investissements privés. Ce qui nécessite d’instaurer un climat et un environnement propices à ces investissements.
La nouvelle publication, intitulée Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa – Lessons from Five Key Countries, repose sur des études de cas menées dans les cinq pays africains qui ont à leur actif l’expérience la plus étendue en matière d’IPP, à savoir l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigéria, l’Ouganda et la Tanzanie.
« Les projets de production d’énergie indépendante sont aujourd’hui le principal vecteur de l’investissement privé dans le secteur électrique africain », souligne Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Ce rapport a pour objectif de dégager des leçons pour aider les pays africains à attirer des investissements privés en plus grande quantité et de meilleure qualité. »
On compte actuellement en Afrique subsaharienne 126 projets de ce type, répartis dans 18 pays. Globalement, ils représentent une capacité électrique installée de 11 gigawatts et 25,6 milliards d’investissements. Mais un nombre encore insuffisant de pays en bénéficient, et le rapport pointe la nécessité d’accroître ces investissements et de les déployer davantage sur l’ensemble du continent.
Les principaux facteurs qui permettront d’y parvenir sont les suivants :
- Instaurer des méthodes de passation des marchés plus concurrentielles, avec notamment des processus d’appel d’offres pour soutenir l’attribution de contrats de long terme. Ces efforts peuvent permettre d’obtenir une réduction des prix et d’éviter les litiges. Dans le cas d’une entente directe, le marché doit être conclu en toute transparence.
- Doter le secteur énergétique de politiques, de structures et d’un environnement réglementaire clairs et propices à l’investissement.
- Assurer une planification systématique et dynamique, ce qui signifie notamment d’être en mesure de prévoir avec précision la demande future d’électricité, de déterminer les meilleures options de gestion de l’offre ou de la demande et d’anticiper les délais pour la passation des marchés, le financement et la construction de la capacité de production électrique nécessaire.
- Garantir la viabilité financière des compagnies de services publics est absolument essentiel, dans la mesure où ces dernières demeurent les principaux acheteurs de l’électricité produite par les IPP. Compte tenu du risque élevé que présente l’environnement de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, il est important de fournir des instruments d’atténuation des risques pour attirer de nouveaux investisseurs sous la forme de garanties financières et de mesures de sécurité.
La publication note par ailleurs le potentiel de plus en plus grand des IPP entrepris dans le secteur des énergies renouvelables, tout en soulignant que leur viabilité est subordonnée au respect de la mise en concurrence dans les marchés publics concernés.
Enfin, alors que toutes les sources d’investissement doivent être encouragées, les auteurs concluent le rapport en insistant sur les conditions qui permettront l’essor des IPP en Afrique subsaharienne. Les pays doivent en particulier parvenir à assurer une planification dynamique et à moindre coût, et à se procurer de nouvelles capacités de production électrique par le biais d’appel d’offres concurrentiels et opportuns. Ces efforts devront s’accompagner de réglementations qui encouragent les compagnies de distribution qui achètent l’électricité à améliorer leurs performances et leurs perspectives de viabilité financière, ce qui permettra par conséquent d’étendre l’accès à l’électricité.
Source : Banque Mondiale