La Banque centrale du Nigeria (CBN) a annoncé, le 15 juin, qu’elle allait abandonner la politique du taux de changes officiel du naira vis-à-vis du dollar, en vigueur depuis mars 2015, pour réintroduire le taux interbancaire flexible sur le marché des changes. «Nous pensons désormais que le moment est propice pour restaurer les mécanismes d’ajustement automatiques du taux de change, avec la réintroduction d’un taux interbancaire flexible sur le marché», a déclaré le gouverneur de la CBN, Godwin Emefiele dans un discours transmis en direct à la télévision. «Le marché doit opérer comme une structure unique à travers une fenêtre interbancaire autonome, et le taux de change va être purement dicté par le marché», a-t-il ajouté.
Le taux de change peut être fixé de manière institutionnelle ou résulter du libre jeu sur le marché. Dans le premier cas, les autorités publiques déterminent les taux de changes officiels et interviennent sur le marché des changes afin de maintenir le niveau choisi, avec plus ou moins de succès. Dans le second, la parité dépend des achats et des ventes de devises sur le marché : typiquement, plus la monnaie est demandée, plus son cours monte.
Au Nigeria, la nouvelle politique, qui devrait être mise en application à partir du lundi 20 juin, se traduira pas une dévaluation de facto du naira. Le Nigeria subit de plein fouet la chute des prix du pétrole sur le marché international. Le PIB de ce pays, qui tire 70% de ses revenus et environ 90% de ses recettes en devises des exportations de l’or noir, s’est en effet contracté de 0,36% au premier trimestre 2016, ce qui représente la pire performance de l’économie nigériane depuis le milieu des années 1990.
Malgré une pénurie de devises, les autorités nigérianes avaient décidé depuis mars 2015 de maintenir le taux de change officiel à 197-199 nairas pour un dollar, le président Muhammadu Buhari considérant jusqu’ici qu’une dévaluation «tuerait» le naira.
Source : Agence Ecofin