Avec l’adhésion de la Corée du Sud, le très sélect Club de Paris, composé jusqu’à présent de pays occidentaux, s’ouvre aux puissances émergentes, de plus en plus incontournables sur le marché de la dette souveraine… en attendant la Chine.
« Le monde d’aujourd’hui n’est pas celui d’il y a 60 ans. Il y a un certain nombre de pays qui jouent un rôle économique et financier beaucoup plus important que par le passé », a déclaré à l’AFP une source proche du Club de Paris, interrogée sur son ouverture aux pays émergents.
Soixante ans exactement après la création de ce cercle de créanciers, la République de Corée devient ainsi la première puissance émergente à prendre place autour d’une table où siégeaient jusqu’à présent vingt pays dits « industrialisés », parmi eux la France, les Etats-Unis, l’Allemagne ou encore le Japon.
Cette adhésion marque un tournant dans l’histoire de cette institution multilatérale dont l’objectif est de permettre « aux créanciers de recouvrer leurs créances en arriérés et de trouver une solution efficace et rapide aux crises de la dette souveraine », comme elle l’a elle-même expliqué dans un communiqué.
L’arrivée de la Corée du Sud, dont la présidente Park Geun-Hye était en visite en France la semaine dernière, reflète aussi l’évolution du marché de la dette souveraine: ces dernières années, des pays comme la Chine et la Corée du Sud ont acheté massivement des obligations de pays émergents.
« Il y a un certain nombre de pays qui jouent un rôle économique et financier beaucoup plus important que par le passé », a expliqué la même source, justifiant le besoin du Club de Paris de s’ouvrir aux émergents, et citant également l’Inde ou encore le Brésil.
« Afin de traiter mieux les sujets de dette souveraine, c’est mieux d’avoir tout le monde autour de la table », a expliqué cette source. En clair, en cas de défaut de paiement d’un pays, il est plus judicieux que les créanciers négocient ensemble une éventuelle restructuration de la dette plutôt que chacun cherche de son côté à récupérer ses billes.
« Quant à traiter un problème de dette, que ce soit d’un pays ou d’une entreprise, c’est mieux d’avoir tout le monde dans la salle plutôt que de mener des discussions séparées qui risquent de se téléscoper », a souligné la source.
Pour la Corée du Sud, les conditions d’adhésion ont été les mêmes que pour les autres membres: le « respect des six principes du Club de Paris, qui offrent aux créanciers souverains un cadre de dialogue efficace et constructif », a expliqué l’institution. « Les nouveaux acteurs doivent respecter les règles du jeu qui sont principalement la solidarité et le partage des données. On ne se fait de cachoteries entre membres du Club de Paris », a assuré la source proche du Club.
Le Club de Paris, qui avait annoncé en début d’année son intention de s’ouvrir aux grands pays émergents, attend désormais la réponse de la Chine, un pays qui s’est montré très particulièrement actif ces derniers temps sur le marché de la dette des pays africains.
Pékin est pour l’instant un « membre ad hoc » et dispose ainsi d’une sorte de strapontin au sein du Club de Paris, en attendant de devenir un membre à part en entière si le gouvernement chinois le souhaite. « Pour gérer les questions de dette souveraine, c’est bien d’avoir tous les prêteurs autour de la table. Et la Chine est devenue un prêteur », a indiqué la source.
« La Chine réfléchit activement à son adhésion. Nous en parlons avec eux. L’idée fait son chemin », a-t-elle ajouté.
AFP