Les entreprises européennes font preuve d’un pessimisme grandissant sur leurs perspectives en Chine, dénonçant un climat des affaires « de plus en plus hostile » aux firmes étrangères, selon une enquête publiée mardi, un sentiment qui se traduit par un fort déclin des investissements.
Quelque 56% des 506 entreprises de l’Union européenne sondées par la Chambre de commerce de l’UE en Chine jugent que les difficultés entravant leurs activités se sont accrues –une hausse de cinq points en un an.
Presque un tiers d’entre elles se montrent pessimistes sur leur capacité à dégager des bénéfices, un plus haut inédit, contre 23% l’année précédente.
D’après cette enquête annuelle de la Chambre, seules 47% des entreprises européennes envisagent de développer leurs opérations en Chine –elles étaient quasiment 90% il y a trois ans.
Certes, les firmes étrangères ne sont pas épargnées par l’essoufflement de la deuxième économie mondiale, le renchérissement du coût du travail local et les surcapacités endémiques plombant la plupart des industries chinoises.
Mais la Chambre de commerce rapporte également une longue litanie de complaintes: environnement juridique instable et imprévisible, complications administratives, application arbitraire des règlements en matière de propriété intellectuelle.
Près de 60% des entreprises sondées estiment être traitées de façon inéquitable par rapport à leurs concurrents locaux. Les étrangers sont la cible privilégiée des enquêtes des régulateurs chinois, et sont écartés de nombreux appels d’offres.
« C’est toujours la même chose. Pékin parle depuis longtemps de placer toutes les firmes sur un pied d’égalité, mais rien ne change, ça reste rhétorique », a expliqué à quelques journalistes Jörg Wuttke, président de la Chambre.
Les récents textes législatifs durcissant le contrôle des ONG et des entreprises au nom de la « sécurité nationale » « contribuent encore à noircir l’image (du pays) comme terre d’investissements », ajoutait M. Wuttke.
Dans ces conditions, 11% des entreprises européennes projettent de réaffecter certains investissements vers d’autres destinations.
La désaffection est déjà perceptible: selon des estimations rapportées par la Chambre de commerce, les investissements de l’UE en Chine ont fondu de 9% en 2015, à 9,3 milliards d’euros seulement, tandis que les investissements chinois en Europe s’envolaient de 44%.
« Au premier trimestre, nous n’avons vu aucune annonce d’investissement européen majeur en Chine », observe M. Wuttke. Et de pointer le contraste entre un marché chinois verrouillé et une UE ouverte, accueillant les investisseurs étrangers dans quasiment tous les secteurs.
Ce déséquilibre et les controverses autour d’acquisitions chinoises, tel le récent rachat du fabricant allemand de robots Kuka, pourraient conduire en Europe « à un surcroît de vigilance », estime-t-il.
Enfin, pour 58% des entreprises (contre 41% en 2014) la lenteur de l’internet en Chine, la censure et le blocage de certains sites, messageries et moteurs de recherche, ont un impact négatif sur leur activité.
AFP