A contre courant des certaines banques européennes qui ont décidé de réduire la voilure en Afrique, Standard Chartered entend se renforcer en Afrique. La banque qui figure parmi les 30 plus grosses capitalisations boursières britanniques vient d’annoncer son intention de lancer des plateformes de services bancaires mobiles et en ligne dans huit pays africains.
Ce service ciblera le million de clients que compte l’établissement de crédit au Botswana, au Ghana, au Kenya, au Nigeria, en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe. «Les populations africaines adoptent de plus en plus le mobile banking et les banques locales ont consenti des investissements dans le domaine digital. Ainsi, nous investissons pour préserver et faire croître nos parts de marché», a déclaré Jaydeep Gupta, directeur de l’activité banque de détail en Afrique chez Standard Chartered, cité par Reuters.
Gupta a également précisé que les nouveaux services seront lancés durant le premier semestre de l’année en cours, indiquant que la banque espère accroître sur le long terme les revenus de son activité banque de détail en Afrique à un rythme trois ou quatre fois supérieur à celui de la croissance économique du continent. La stratégie d’expansion africaine de Standard Chartered tranche avec le mouvement de désengagement de certaines de ses rivales européennes du continent dans un contexte économique difficile marqué par la chute des prix des matières premières et de dépréciation des monnaies locales.
Barclays avait en effet annoncé en mars dernier son intention de réduire sa participation de 62,3% dans Barclays Africa, jusqu’à un niveau de déconsolidation. Les vents contraires qui soufflent sur le continent ont aussi engendré un effondrement des valeurs bancaires et la faillite de quelques établissements dans certains pays, dont le Kenya et la Zambie. Mais à l’heure où le fonds monétaire international (FMI) vient de réduire ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne d’un point de pourcentage en les ramenant, à 3%, soit leur niveau le plus bas depuis15 ans, Standard Chartered a choisi de consolider ses opérations africaines. La Banque vient d’ouvrir dix nouvelles agences à Lagos au Nigeria et mise désormais davantage sur les grandes villes africaines, lesquelles fournissent, selon M. Gupta, 80% des revenus dans l’activité banque de détail. Standard Chartered a pourtant affiché une perte nette de 32 millions de dollars en Afrique en 2015, en raison notamment de la hausse des créances douteuses. «L’Afrique est un marché qui évolue à plusieurs vitesses avec des pays qui rebondissent comme le Kenya tandis que d’autres comme le Zimbabwe ou le Nigeria demeurent en proie à un contexte difficile. En ce qui nous concerne, nous y voyons des opportunités de croissance attrayantes sur le long terme», a souligné Jaydeep Gupta.
Cet optimisme sur les perspectives à long terme du continent est identique à celui affiché par l’ancien patron de Barclays Bob Diamond, qui bouge dans tous les sens pour reprendre les actifs africains de son ancien employeur, en dépit de la perte de 2 millions de dollars enregistrée en 2015 par sa holding Atlas Mara qui détient déjà des participations importantes dans plusieurs banques africaines.
Agence Ecofin