La nouvelle édition du rapport Cyclope qui fête ses 30 ans, intègre désormais un nouveau produit échangé en tant que « matière première » : le miel.
Le nectar est devenu un ingrédient de l’industrie agroalimentaire comme un autre, où l’on arbitre ses achats sur les prix. Et c’est une denrée qui voyage beaucoup plus que les abeilles qui le produisent, désormais. En effet, du fait d’une surmortalité de ces dernières, la production de cet or jaune en Europe de l’Ouest et aux États-Unis a connu une baisse considérable, ce qui a poussé ces régions à en importer de plus en plus de zones qui au contraire voient leur production progresser fortement. A l’instar notamment de l’Europe de l’Est, de l’Amérique latine et surtout, de l’Asie.
En effet, la revue Public Ledger rapporte que la Chine est ainsi devenue le premier exportateur mondial de miel, avec près de 145 000 tonnes. En gros, elle fournit la planète entière.
Face à de tels volumes, les apiculteurs européens rient jaune : ils accusent régulièrement les miels chinois d’être additionnés de sucre, voire de ne pas contenir un gramme de pollen. D’ailleurs, les miels chinois avaient même fait l’objet d’une interdiction sur le sol de l’Union européenne, entre 2002 et 2004.
Mais en janvier dernier, la Commission européenne a repoussé la demande des professionnels de préciser tous les ingrédients des miels, estimant qu’elle n’avait aucune preuve de fraude. A titre d’information, un pot peut contenir jusqu’à huit origines de miel différentes !
Et même si l’an passé, après trois ans d’hécatombes des abeilles, la production ouest-européenne s’est redressée, elle n’a pas su concurrencer les exportations chinoises qui ont continué de progresser de plus de 11%. Et pour cause : un kilo de miel chinois vaut 1 à 2 euros le kilo, 2 à 4 moins cher qu’un miel européen ordinaire.
Parmi les premiers clients de la Chine figurent le Royaume-Uni, la Belgique et l’Espagne, pourtant grande productrice européenne de miel. L’Europe de l’Ouest importe aussi de plus en plus de miel des pays d’Europe de l’Est, Ukraine, Roumanie et Hongrie.
De leur côté, les Etats-Unis se fournissent traditionnellement auprès du Mexique et de l’Argentine, même si l’an dernier, le miel argentin a été boudé, trop cher : les importateurs nord-américains se sont alors tournés vers de nouveaux fournisseurs de miel : l’Inde, la Thaïlande et le Vietnam.
Les États-Unis soutiennent également la modernisation de la production de miel en Éthiopie, le premier producteur africain.